Jeudi soir, 20h30.
Les devoirs ne sont pas faits, la chambre est un vrai désastre.
Les enfants n’ont même pas encore fini de manger, je suis épuisée.
Je n’ai qu’une envie : me rouler en boule sous ma couette en attendant demain dans un délicieux sommeil d’oubli. Une pensée qui vient : décidément, je n’assure pas comme mère…
Vous est il arrivé parfois de vous retrouver dans ce genre de situation, où la culpabilité pointe son nez et vous vous dites que vous êtes vraiment une mauvaise mère ou un mauvais père ? Que vous n’assurez pas quand même ?
Nous y sommes habitués, à cette culpabilité, en particulier les mères, mais ça arrive aussi aux pères. Depuis la naissance de notre enfant, on nous a régulièrement dit que nous devrions faire autrement (« donne lui un biberon avant de dormir », « tu devrais lui apprendre à être propre avant l’école », « arrête de le prendre dans tes bras, tu vas en faire un capricieux », …)
Ce qui sous entend toujours que nous ne faisons pas comme il faut, et que nous sommes responsables des difficultés ressenties, puisque si nous faisions autrement, ça se passerait mieux.
Mais qui s’est penché sur nos raisons à nous, de faire comme nous le faisons?
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Être parent, c’est éminemment compliqué
Vous vous y attendiez, vous, à gérer tout ça, avant d’être parent ? Emmener le grand chez le médecin tout en gérant la crise du petit qui ne veut pas lâcher ses légos, penser aux courses, aux factures, donner une bonne alimentation aux enfants, gérer l’intendance tout en étant présent pour les enfants… ne pas arriver en retard à l’école ni au boulot, tout en ayant un enfant qui ne veut pas s’habiller ce matin parce que rester à la maison c’est quand même beaucoup mieux… trouver l’énergie de le faire ranger ses jouets dans le salon ou faire ses devoirs, tandis que les deux autres se disputent autour d’une console de jeux…
Le nombre de situations complexes rencontrées dans la vie d’un parent est assez élevé. Être parent est un rôle complexe par nature car nous accompagnons des petites personnes qui sont dépendantes de nous pour satisfaire leurs besoins et sont fort inexpérimentées dans de nombreux domaines, ce qui suppose de nombreux ratés. Et forcément, parfois ça tombe sur des jours où nous sommes malades, fatigués, parfois épuisés par d’autres soucis comme une séparation ou des tensions dans le couple, des parents qui ont des soucis de santé ou la perte d’un être cher. Alors soyons quand même indulgents avec nous même, c’est un sacré défi pour beaucoup, même ceux qui n’en parlent pas !
2. Être parent est exigeant émotionnellement
Beaucoup de professionnels de la petite enfance ou de l’enseignement vous le diront : c’est beaucoup plus facile avec les enfants des autres qu’avec les siens ! Parce que nous avons une relation particulière avec nos enfants, parce que nous rejouons notre histoire affective avec nos enfants bien plus qu’avec les autres. Parce que nous n’avons pas de congés en tant que parents et que nous vivons presque 24h/ 24 avec eux. Parce que vivre avec de petits enfants qui sont régulièrement plein d’émotions demande beaucoup beaucoup d’énergie. Parfois, ça déborde nos capacités, et c’est là que nous avons besoin de toute notre créativité.
3. Nous avons été élevés avec des exigences de perfection…
Avez-vous déjà vu un film où les parents rentrent du boulot et retrouvent leur maison tout en bazar, où les enfants refusent catégoriquement de prendre leur douche, où les parents perdent patience ? C’est rare, n’est-ce pas ? A notre insu, nous avons eu un modèle de perfection, nous avons pu penser avant d’être parent que la vie de famille c’était comme ça, sans heurts, sans accrocs, juste avec des bisous et mots tendres. Et lorsque nous sommes face à des difficultés, du coup, nous pensons que c’est nous qui ne sommes pas à la hauteur.

Quand vous étiez enfant, quel professeur vous a un jour dit que vous aviez fait de votre mieux, quelle que soit votre note, et que tout simplement peut être il n’avait pas réussi à vous intéresser à sa matière ? Avez vous eu des parents qui acceptaient vos erreurs et imperfections, convaincus que vous étiez d’une part humain et d’autre part en train d’apprendre ? Si oui, vous avez eu beaucoup de chance 🙂 Car pour une grande partie d’entre nous, en tout cas en France, nos erreurs étaient appelées des fautes et parfois sévèrement punies. Ce qui a pu nous paralyser face à nos erreurs. Or c’est cette relation à l’erreur qui provoque de la culpabilité paralysante : si je ne suis pas à la hauteur des exigences du prof, alors c’est que je suis un mauvais élève, à quoi bon travailler puisque je suis mauvais ? Si je ne suis pas à la hauteur des exigences de mes parents, alors c’est que je suis un mauvais petit garçon, c’est ma nature. Si je ne suis pas à la hauteur de mes exigences (ou celles de mon conjoint, de la société…), alors c’est que je suis une mauvaise maman…
La culpabilité est une émotion saine quand nous avons enfreint les règles ou nos valeurs, quand nous avons causé du tort à autrui, fus-ce nos enfants. Elle nous aide à trouver l’énergie pour écouter l’autre, pour changer et pour réparer. Par contre, quand elle devient paralysante, elle nous empêche d’apprendre de nouvelles façons d’agir ou de trouver de nouvelles solutions … et c’est donc un cercle vicieux.
… qui nous empêchent d’apprendre de nos expériences
Or être parent est un chemin, où l’on peut apprendre chaque jour, en particulier quand nous sommes en difficulté.
Dernièrement, j’ai été épuisée pendant plusieurs semaines d’affilée. Rien de grave, néanmoins, impossible de faire tout ce que je fais habituellement. C’est là où je me suis retrouvée à 20h30 dans une situation compliquée, une fin de semaine, à juste avoir envie de fuir tout en me sentant coupable de ne pas y arriver.
Que puis-je apprendre de mes difficultés ou de mes erreurs ?
Alors, après coup, grâce à l’écoute bienveillante d’une amie, je me suis demandée ce que je pouvais en apprendre. Et j’en ai appris plusieurs choses, dans mon cas que ma famille et moi survivions très bien temporairement dans un chaos relatif, que je pouvais passer le relais sans problème, que si tout n’était pas toujours fait parfaitement ce n’était pas si grave, parce que je n’avais pas l’énergie pour poser le cadre que je pose habituellement, ça ne faisait pas de moi une mauvaise mère. Et surtout, que je pouvais me concentrer sur l’essentiel : prendre soin de la relation aux enfants et de moi. Le reste n’est pas si important, finalement.
Être limité nous encourage aussi à devenir créatif et à explorer des solutions que nous n’aurions même pas envisagé si nous avions été parfaitement en forme, et en apprendre beaucoup sur nous. En ce qui me concerne, dès le lendemain j’ai anticipé et testé une autre façon de gérer la soirée. Combien de mamans avec un bébé dans les bras ont développé des trésors d’imagination pour s’occuper de leur premier enfant tout en répondant aux besoins du bébé ? Combien de parents à court de solutions ont été chercher des ressources pour résoudre leurs difficultés ? Oui, vous, les parents, vous êtes souvent des parents chercheurs qui inventent, créent, expérimentent sans relâche pour accompagner au mieux vos enfants. Dans les ateliers que j’anime, je suis souvent épatée par la créativité dont vous faites preuve.
Être créatif, c’est aussi trouver comment prendre soin de soi quelles que soient les conditions, comment remplir son propre réservoir affectif pour qu’il ne reste pas vide, c’est identifier quels sont nos besoins et comment nous pouvons les combler, ce que nous pouvons changer dans notre vie pour mieux prendre soin de nous. Faute de quoi, nous ne parviendrons pas à être disponibles pour accompagner nos enfants. Et vous, sauriez-vous nommer quels sont les besoins qui se manifestent le plus pour vous ? Avez-vous réfléchi à ce que vous pouvez mettre en place pour les combler ?
Alors, prêt.e à être plus bienveillant.e avec vous même ?
Car vous le savez peut être, quand on accompagne son enfant dans son apprentissage, il est nécessaire de valoriser les erreurs pour permettre la progression… et si la bienveillance s’appliquait à chacun, enfant comme parent, qui sont tous les deux en cours d’apprentissage et ne peuvent donc pas être parfaits d’emblée ? Et si vous acceptiez vos erreurs et difficultés comme des sources d’apprentissage et de progression ? Que pouvez vous apprendre de vos difficultés ? Pouvez-vous voir aussi ce que vous réussissez avec vos enfants, vos qualités de parents ? N’hésitez pas à raconter votre expérience en commentaire !