Comment ça marche ?

« Je suis toujours en retard, c’est horriiiible »

Elle a les yeux baissés quand elle dit ça.
Elle s’agite dans tous les sens, ça se voit, elle est énervée contre elle-même. Elle s’en veut à mort.
Surtout qu’elle est arrivée très en retard à notre rdv.

Je respire… et je vois une personne qui est désespérée.
Qui voudrait faire autrement mais qui n’y arrive pas.
Qui culpabilise, et qui a honte d’elle même.

« C’est comme si mon cerveau ne fonctionnait plus quand je dois partir, je ne comprends pas, je me mets un horaire, et ensuite je ne suis plus là ».
Elle a essayé des tas de trucs. Des tas.
Aucun ne marche.

Comme je connais cette situation… pour l’avoir tant vécu.
La honte.

Quand tu t’enfonces dans le sol tellement tu as honte de toi.
L’incompréhension des autres (« c’est pourtant pas compliqué ! »)
Le stress, les risques que tu prends parce que tu es en retard.

Et que tu t’es dis que t’es vraiment débile pour ne pas y arriver, alors que ça semble si simple pour les autres.

Eh si, c’est compliqué… sinon on arriverait à faire autrement.
Crois-moi !

Je l’invite à regarder autour d’elle, les montagnes, à sentir le soleil, à écouter les sons de la nature.

A revenir au présent.
A retrouver un semblant de sécurité intérieure.

Pour sortir des ruminations intérieures.

Mais les ruminations intérieures continuent, elle se sent tellement impuissante et en même temps tellement coupable !
Coupable de faire attendre les autres, de bousculer leur planning, de provoquer leur colère.

Coupable et impuissante.

De quoi devenir folle, car comment faire quand on veut changer quelquechose très fort mais qu’on n’y arrive pas du tout ?
Quand on échoue jour après jour ?

Le retard chronique peut avoir plusieurs origines, mais il y a une constante : au moment où elle devrait commencer à partir, la personne se déconnecte involontairement, elle n’est comme plus là.

Et ensuite, quand elle réalise, elle vit un stress immense qui la fait courir pour rattraper l’heure.
Désagréable.
Vraiment pénible.
Et même dangereux.

Elle passe en fait dans un état intérieur où elle n’a plus conscience du temps qui passe, où elle est déconnectée d’elle même, des autres et aussi des conséquences possibles.
Jusqu’au stress final.

Et plus les transitions sont stressantes (car on est toujours en retard, ha!), plus ça se renforce.

L’erreur, c’est de croire que c’est un problème de volonté.

Car ce n’est pas un problème de volonté :
c’est un problème d’état intérieur, de niveau d’activation du système nerveux autonome.

Notre système nerveux autonome a 3 modes :

– le mode sécurité (vagal ventral), où nous sommes connectés à nous mêmes et aux autres, notre physiologie est calme. C’est le frein, comme si le moteur tourne au ralenti mais dans sa pleine puissance.

– le mode activation (sympathique), où notre physiologie nous pousse à l’action, face à une menace ou un problème. C’est l’accélérateur. Adrénaline, cortisol, … ce mode là c’est celui qui se met en route pour nous faire partir, agir, bouger.

– le mode déconnexion (vagal dorsal), soit parce que nous avons besoin de repos, soit parce que le système a été submergé par l’activation et est passé en figement. C’est le frein à main en quelquesorte.

Typiquement, pour avoir conscience de l’heure et se mettre en route pour un rendez-vous, il y a besoin d’être en mode « sécurité / activation ».

Une personne qui est souvent ou toujours en retard est très souvent une personne qui est en figement fonctionnel, c’est à dire en mode déconnexion, très ralenti, en permanence.

Ou qui passe en mode déconnexion dès qu’une transition se présente, parce que la transition est perçue comme une menace inconsciemment.

Eh, comment voulez-vous aller à un rendez-vous avec le frein main ?

En mode déconnexion (le 3e), nous avons un ressenti intérieur de peu d’énergie, de repos, de repli sur soi.
Des émotions reliées à la tristesse souvent.
Et des pensées du type « je n’y arriverai jamais ».

Mais surtout : notre cerveau est déconnecté du temps, il est difficile d’avoir conscience des priorités, on est comme « absent ».

Alors la première chose, c’est de comprendre ce mécanisme et de savoir le repérer en soi, pour sortir de la culpabilité qui bloque.

Quand on comprend mieux ce qui se joue, c’est facile de comprendre qu’on ne partait pas du bon endroit pour résoudre le problème.

Car tant que je me juge, je ne fais que rajouter de l’insécurité sur l’insécurité, ce qui aggrave mon état de déconnexion. Je met mets involontairement encore plus en figement, en déconnexion.

Comme si je tapais sur une personne déjà complètement à terre en espérant que ça la fasse se relever.

Il y a besoin de prendre conscience du fonctionnement de ton système nerveux, pour comprendre là où tu as du pouvoir et là où tu n’en as absolument pas.

Car ce qui est inconscient a toujours plus de force que ta volonté, parce que c’est là pour ta survie.

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La seconde chose, c’est donc d’apprendre à sortir du figement, de la déconnexion.

A remettre de la sécurité en soi, à revenir dans l’état de connexion.

Et ça, ça demande :

– de savoir identifier son état physiologique, de savoir repérer les signes de déconnexion chez soi par exemple.

– de créer des ressources individualisées qui permettent d’activer le système sympathique et le système vagal ventral, donc de revenir en état de sécurité. De remettre de la connexion.

– de les intégrer physiquement, de les pratiquer pour cultiver sa flexibilité vagale, c’est à dire sa capacité à revenir dans l’état dont nous avons réellement besoin. Pour les retard, c’est la sécurité et l’activation sans forcément un immense stress.

– et de venir libérer les mémoires qui font passer en figement et en déconnexion. Car si on est en figement fonctionnel, c’est que quelquechose est perçu comme un danger mortel par notre système, alors que ce danger n’existe plus. Il y a besoin de reprogrammer son système pour qu’il ne détecte plus de menace dans l’environnement et puisse s’apaiser. Pour s’ancrer dans la sécurité.

C’est le travail que nous avons entamé avec cette personne que j’accompagne, et qui lui a déjà permis de sortir de la culpabilité à cette séance, pour se remettre en mouvement.

Comment on vit les choses quand on est ancré dans la sécurité ?

Ça, je peux te le raconter car c’est ce que je vis aujourd’hui !
Moi qui était tout le temps en retard il y a quelques années, étant en figement fonctionnel moi aussi.

En vérité, ce qui m’a beaucoup surprise au début, c’était que c’était simple. Simple ! Pas besoin de se forcer, d’y mettre une énergie de dingue, ni de se fouetter. Pas besoin d’attendre un stress immense pour me mettre enfin en mouvement !

Je suis à peu près à l’heure sans stress trop intense, sans fracas.

Mon cerveau n’est plus dans ce brouillard mental, lié à l’état de déconnexion. Ça aide!

Et du coup, je reste facilement en conscience de mon agenda de la journée, du temps qui passe, de l’aiguille qui tourne. De mes priorités.

Sans que ça soit un stress.
Juste une réalité, avec laquelle je suis connectée.

Oh, biensûr, il m’arrive d’y retourner, hein 🙂

Dernièrement j’ai passé quelques jours en mode déconnexion pour une autre raison, et j’ai reconnu tout de suite les symptômes que je vivais avant : impossible d’être à l’heure, impossible de prioriser les choses même en week-end, impression d’être complètement nulle et inefficace…

Mais je sais désormais que c’est juste mon état intérieur qui veut ça. Et que ça ne dure pas, parce que j’ai les ressources pour en sortir.

Et si c’est désagréable (c’est vrai!), mon job c’est de revenir dans la sécurité avant tout : répondre à mes besoins physiologiques dont j’ai déjà parlé, utiliser mes ressources, et si besoin venir libérer une mémoire qui s’est manifestée.

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Donc si tu as tendance à être toujours en retard, mon invitation pour toi est de :

– comprendre ce qu’il se passe en toi à ce moment là au niveau de ton système nerveux autonome.

– apprendre à identifier ces états chez toi, dans les sensations.

– apprendre à créer des ressources pour cultiver ta sécurité intérieure et savoir sortir de la déconnexion.

– regarder à quel moment la déconnexion se déclenche, suite à quoi…

C’est un chemin, un vrai chemin. Qu’on parcourt toute sa vie, je crois (mais plus on monte, plus c’est simple car on a plus de ressources).

Comme tout chemin, on peut le faire seul, ou on peut le faire accompagné.
C’est juste plus facile et confortable de se laisser guider.

Si tu veux que je sois ton guide sur cette voie, n’hésite pas à commenter ou m’envoyer un mp. J’accompagne à la fois en présentiel à Grenoble et en visio, ça fonctionne très bien aussi.

Je te souhaite une belle fin de semaine, je suis encore là jusque vendredi 22 décembre et après je m’envolerai vers 15 jours de repos ben mérité 🙂

Avec amour

Flore