Quand j’étais jeune maman, j’entendais par ci par là : sois présente à ton enfant, connecte-toi à lui, sois à l’écoute.
Alors j’essayais.
Mais au fond de moi, ça sonnait un peu comme du chinois. Je ne voyais vraiment pas de quoi on parlait et rien dans mon expérience ne pouvait m’amener à identifier quoi que ce soit qui y ressemble. Écouter, bon d’accord, je sais ouvrir mes oreilles. Pourquoi écouter plus puisque j’écoute déjà? (Dois-je préciser que déjà petite j’avais du mal à comprendre la différence entre écouter et entendre….) Je suis capable d’écouter ce que mon enfant dit, quand même ! Mais faire quoi de plus? Et puis d’abord pour quoi faire?
Et puis petit à petit, j’ai compris que ce qu’on appelle couramment « écouter » n’a pas grand chose à voir avec ce que de nombreux spécialistes de la parentalité appellent « écouter », écouter les émotions et les besoins. J’appris à mettre en œuvre des outils d’écoute des émotions. Au début ça me semblait super artificiel, et je me demandais vraiment si j’étais sur la bonne voie. Surtout que mon entourage me renvoyait souvent l’artificialité de ma démarche. On croit souvent – à tort- que nommer les sentiments va augmenter la détresse d’un enfant ou de quelqu’un. Ou on croit que celui qui met des mots sur le sentiment créée de toute pièce l’émotion chez l’enfant ou justifie le comportement, ce qui le ferait continuer. C’est faux, c’est souvent le contraire qui se produit. L’écoute au début c’est comme apprendre une nouvelle langue. On maitrise les mots, le vocabulaire mais la logique, l’accent et le naturel ne vont pas de soi. C’est pourtant en pratiquant qu’on finit par y parvenir.
Pourtant, même si cet outil était assez magique pour moi, il y avait toujours des situations où je m’énervais beaucoup, je criais, j’étais dans la fureur et je ne comprenais pas bien pourquoi. Qu’est-ce qu’il avait cet enfant, à me mettre dans cet état? Pourquoi j’étais si agressive? Ça sortait d’où tout ça?
Aujourd’hui je voudrais vous parler d’un livre qui m’a beaucoup plu et qui est plein d’outils concrets pour être à l’écoute de soi, afin d’être dans le lien avec son enfant et son entourage. Un livre qui, sans y paraitre, a opéré des changements petit à petit en moi.
Ce livre c’est
« A chaque jour ses prodiges, Etre parent en pleine conscience » de Myla & Jon Kabat-Zinn.
Il s’agit d’un autre regard sur la fonction parentale. Un regard qui introduit à la pleine conscience et qui permet de modifier la relation parent-enfant en profondeur. Parce qu’il est illusoire de croire que les problèmes viennent seulement des parents ou des enfants, il s’agit bien d’une interaction, et le regard du parent influence fortement le comportement de l’enfant. Pour illustrer ce concept, les auteurs utilisent un conte, Sire Gauvain et la dame hideuse. Dans cette histoire, la dame est de prime abord très hideuse. Pourtant, Sire Gauvain l’accepte telle qu’elle est. La dame hideuse se transforme alors en personne d’une grande beauté. Lorsque l’on écoute quelqu’un, il se passe souvent la même chose : de prime abord, un enfant qui pleurniche, râle, hurle, ne nous attire pas forcément. Et pourtant, c’est l’acceptation de notre part, de cette part sombre, qui produit des miracles… C’est une métaphore assez parlante sur les enfants.
Myla et Jon Kabat-Zinn nous invitent donc à pratiquer les conditions qui permettent de voir ses enfants d’une façon différente et de se transformer soi. Il s’agit d’être le plus possible conscient, de son corps, de ses émotions, de ce qui est. C’est une belle invitation à être dans le présent au lieu de camper dans le passée ou avoir peur de l’avenir. Parce que nos enfants sont là, eux, à chaque seconde. Vivants et ayant besoin de nous.
Ils abordent les différents âges à partir de la grossesse jusqu’à l’adolescence et même le début de l’âge adulte. La totale dépendance des tout petits et ce que leur apporter toute notre attention, toute notre présence, peut leur apporter en sécurité affective. Les moments clés pour être là quand son enfant a besoin. Les besoins des adolescents, leur besoin de liberté mais aussi de disponibilité. Ils parlent même de l’école, de la méditation et de la pleine conscience en classe. Ils n’hésitent pas à aborder les sujets conflictuels tels que le coucher, les médias, la consommation, la nourriture…
Le livre ne pouvait être complet sans aborder les limites des parents, sous un angle totalement nouveau. Parce qu’être pleinement conscient c’est être présent à ses enfants mais aussi à soi. Il se termine par des exercices pratiques pour réapprendre à être vraiment là, non pas perdu dans ses pensées mais présent à nous même et à nos enfants. A mettre de la conscience dans son quotidien et ainsi mieux maitriser sa vie.
Voilà alors ce livre m’a bien servi et m’a aidée à apaiser mon enfant bien des fois. Parce que je ne me rendais pas forcément compte que, si j’étais présente physiquement, je ne l’étais pas toujours réellement, et ça mon fils le sentait à 100%. Combien de fois n’a t-il pas provoqué de catastrophe ou m’a-t-il fait mal juste parce que je n’étais pas « présente » à lui. Mieux vaut une maman énervée mais là, qu’une maman qui n’habite pas son corps… J’ai aussi appris en compagnie de ce livre à reconsidérer le temps, ce temps qui nous manque tant. A l’accepter, à le regarder non pas comme quelquechose de linéaire mais dont la durée dépend… de ma présence au moment présent, justement.
« Il est illusoire de croire que nous serons dans la non-violence si nous ne pacifions pas notre rapport au temps ».
Thomas d’Ansembourg
Un livre qui fait grandir, à lire, recommander et à offrir sans hésiter !
FV
Pour aller plus loin
A chaque jour ses prodiges, Etre parent en pleine conscience. Myla & Jon Kabat-Zinn, Ed. Les Arènes
Que se passe-t-il en moi? Isabelle Filliozat, Ed. Marabout
L’intelligence émotionnelle. Daniel Goleman, Ed. Poche
une vidéo des auteurs : voir la video sur Youtube