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De la culpabilité à la croissance

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Emma a 3 ans. Sa mère parle de ses nombreux soucis avec elle. Elle fait de grosses colères, elle hurle, elle tempête. Matin, midi et soir. Pour tout et pour rien.  Sa mère semble visiblement à bout. Elle n’en peut plus de cette situation, de cette enfant qui lui donne tant de fil à retordre. Elle ose dire du bout des lèvres qu’elle ne peut pas faire autrement que de hurler, dans ces cas là, de l’enfermer dans sa chambre, de la priver de quelquechose qu’elle aime bien. Je sens qu’elle sonde dans mes yeux comment je vais réagir.
Vais je la ranger dans le camp des mauvaises mères?
Soulagement …. j’ai vécu ça moi aussi, et je compatis surtout avec la difficulté que ça doit représenter au quotidien pour cette maman.

Cette maman a de la chance. Elle a suffisamment d’estime d’elle même pour en parler, et du coup pour trouver de l’aide, de l’écoute et des solutions. Quelques semaines plus tard, son problème s’apaisera et elle trouvera en elle des réponses à ses nombreuses questions.

Son histoire me replonge dans la mienne, quelques années plus tôt. J’ai été une maman qui rencontrais des problèmes. Comme tout le monde. Mais moi j’avais si peu confiance en moi….  comme beaucoup de gens, je n’osais pas en parler. Par peur du regard de l’autre. Quand mon fils faisait une crise en public, je rougissais de honte, je me sentais mal et j’avais envie de filer dans un trou de souris. Du coup j’avais tendance à faire n’importe quoi avec mon fils dans ces cas là, par réaction de malaise.  Je me sentais très mauvaise mère. J’avais beau lire plein de choses, de livres, etc. Dans lesquels il y avait plein de solutions. Mais mon fils ne fonctionnait pas comme dans ces livres.  Et surtout je n’arrivais pas à être toujours calme, à être à l’écoute, et je savais bien quelles étaient les conséquences de ma façon de faire. Je savais que hurler n’arrangeait rien, que punir n’était pas très efficace à long terme. Sauf que de penser à cela me rongeait de culpabilité. A cette époque, en fait, j’essayais d’enfiler le costume de la maman parfaite, car c’est ce qu’on avait toujours attendu de moi.

Déjà petit, les erreurs étaient mal vues, j’étais sans cesse évaluée à l’école, à la maison vis à vis de mes soeurs. Les adultes me disaient ce qui étais bien, ou pas bien. Moi? Je n’en savais rien biensûr, puisqu’ils savaient tant pour moi. J’avais appris que l’adulte a un droit de regard sur moi, sur mes capacités. J’avais appris qu’il ne fallait surtout pas faire d’erreurs, faute de quoi je pourrais devenir – horreur – un cancre. Ou un chomeur longue durée. Ou un SDF. Rien de moins. L’erreur était dévalorisée.  C’était une faute.

Adulte, j’ai eu beaucoup de mal à me défaire de cette façon de penser.  Et à commencer par quand je suis devenue maman.  Je cherchais sans cesse dans le regard de l’autre une approbation, et je culpabilisais énormément quand je m’écartais de la « bonne maman » que je cherchais à être. Et vouloir être un parent bienveillant n’a fait qu’ajouter au début à ma difficulté : le Graal était bien difficile à atteindre. C’était source de souffrance.  Et comme ça me mettait en colère de ne pas y arriver, je hurlais souvent de plus belle.

Problème : en faisant cela, je me regardais moi, je n’étais pas là pour mon enfant. Moi qui cherchais à être à l’écoute, je ne faisais que réagir par peur du regard de l’autre.  Et la peur engendre une impossibilité d’être en empathie avec l’enfant. Du coup, souvent, l’enfant sent très bien qu’il n’est pas écouté, et redouble son comportement pour faire revenir son parent vers lui. Souvent en vain car du coup le parent culpabilise encore plus de ne pas y arriver….

La solution? J’ai mis du temps à la trouver, mais aujourd’hui elle me parait évidente : on ne peut pas être à l’écoute de ses enfants et de leurs besoins tant qu’on n’est pas à l’écoute de soi, et tant qu’on n’accepte pas ses propres erreurs comme source d’apprentissage.

accepter d’en être là où on en est. la première marche de l’apprentissage, c’est de voir qu’on ne sait pas faire. c’est douloureux, frustrant, mais complètement nécessaire.

FV

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Aller plus loin?
Devenir une femme qui ose sa puissance et ses couleurs

10 réflexions au sujet de “De la culpabilité à la croissance”

  1. C’est bien ça, on procède par essais/erreurs… Combien de fois me suis-je dit moi aussi que je n’étais pas vraiment à la hauteur. Accepter ses manques, rester à l’écoute de soi, tout ça nous demande quand même un sacré renversement de perspective !

  2. C’est si difficile d’accepter ses erreurs. .. Personnellement, je voudrais parfois pouvoir revenir en arrière.

  3. Je me suis tout à fait reconnue… Quelle culpabilité et quelle souffrance j’ai pu ressentir également de « faillir » !!!
    Merci pour ces mots « réparateurs

  4. Magnifique témoignage! Tellement vrai! Beaucoup de parents se reconnaîtront à travers tes mots. Je crois que lorsqu’on devient parent il est essentiel de se remettre en question, en permanence, mais avec bienveillance.
    Heureusement, la vie, les rencontres, nous font évoluer. Soyons bienveillants avec nous mêmes, ce sera plus facile de l’être avec nos enfants. Merci pour ce mot 🙂

  5. Merci merci merci pour cet article tellement vrai !!!
    Je me suis recconue et çà m’a fait tellement de mal que j’en pleure !!!!! Merci d’avoir mis des mots sur ce que je ressens réellement !!!
    Etre parent est tellement difficile quand on a vécu dans la peur de l’échec étant enfant !!!

  6. Punaise, j’ai l’impression d’avoir écrit ses mots…C’est tellement difficile d’être un bon parent…j’ai encore un sacré bout de chemin à faire.

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