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Pourquoi avons nous tant de mal à dire non?

Il était une fois une petite fille qui vivait chez ses parents et partageait son temps entre l’école et ses amis.

ImageCette petite fille avait toujours été plutôt sage. Comprenez, on valorisait sans cesse son comportement qui montrait qu’elle était gentille. Elle était calme, elle ne bougeait pas trop. Elle savait rester en retrait avec les adultes. Elle savait qu’elle était aimée quand elle se comportait bien. Comme elle avait très peur de se retrouver seule, elle s’appliquait à se faire aimer. Et dès qu’elle faisait quelquechose qui ne plaisait pas à autrui, on lui faisait bien sentir qu’elle était méchante. Qu’elle n’était pas aimable. Que personne ne l’aimerait ainsi. Que c’était mal. Ca la troublait beaucoup, car elle avait peur. Cette petite fille avait entendu ces mots depuis toujours. Et surtout, elle les entendait à la maison mais aussi à l’école. A l’école, il fallait rester assis de longues heures, se retenir pour faire pipi, se retenir pour parler, ne pas rigoler, et toujours faire ce que le maitre disait. C’était un peu difficile au début. Puis avec le temps cette petite fille oublia ces besoins, les rangea dans une petite case de son corps enfermés à double tour. Cette petite fille n’avait jamais rien connu d’autre que cela, et trouvait ça parfaitement normal.

Quand de temps en temps elle refusait de faire quelquechose, quand elle disait non, on lui faisait sentir qu’elle était une mauvaise fille et qu’elle était indigne de son entourage. Cette petite fille était sans cesse en train de s’ajuster à ce que souhaitait son entourage. C’était d’ailleurs assez fatigant, parce que par exemple son papa et sa maman n’avaient pas exactement les mêmes exigences. Alors, si je fais bien pour papa, pourquoi est-ce que ça n’est pas bien pour maman? D’ailleurs, parfois elle aurait bien eu envie de se mettre en colère, quand c’en était trop. Mais on lui avait montré son visage, dit qu’elle était bien laide ainsi transformée. Elle avait eu peur : qu’est-ce donc que ce monstre qui transforme mon visage et me pousse à crier? Ca ne peut pas être moi. Elle l’avait donc tapi aussi tout au fond de sa tête, avec mout craintes qu’il ressorte, certes, mais comment faire autrement?

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Cette petite fille grandit ainsi, entre ses parents qui l’aimaient et l’école qui lui apprenait des tas de choses. Un jour, elle eut fini l’école, trouva un métier qui lui semblait adapté à ses aspiration et un gentil mari. C’était un peu moins simple une fois adulte parce que les autres ne réagissaient pas toujours comme la maitresse ou maman. Parfois ils avaient des réactions incontrôlables. Surtout, elle se sentait souvent perdue, ne sachant pas quoi faire, n’ayant plus personne pour lui dire ce qu’elle avait à faire. Elle essayait d’être parfaite, mais ça n’était pas assez : il fallait aussi qu’elle sache être actrice de sa vie. Mais il y avait un problème : ça on ne lui avait jamais appris. Et surtout comme elle échouait, elle se sentait très coupable de ne même pas arriver à être ce qui lui semblait un état d’adulte. C’était décourageant car toutes ses tentatives pour être parfaite  et gentille l’amenaient encore plus vers le désespoir.
ImageUn jour la petite fille qui était devenue une femme sentit un petit coup de pied dans son ventre. Un petit bébé se manifestait. La petite fille était ravie. Elle allait pouvoir donner tout son amour à l’enfant qui allait naitre. L’enfant naquit, et ce fut beaucoup de bonheur. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le petit bébé grandit. Le petit bébé touchait à tout. Le petit bébé faisait beaucoup de choses qui dérangeaient sa maman.

Mais sa maman avait un problème : on lui avait toujours appris que dire non, c’était prendre le risque de perdre l’amour de la personne qui reçoit le « non ». Elle était face à un gros dilemme : perdre l’amour de son petit garçon? Impossible. Laisser passer ce qui la dérangeait? Beaucoup plus habituel pour cette petite fille. Cette petite fille laissait donc son enfant faire des choses même si ça n’était pas agréable du tout pour elle et qu’elle devait réparer ensuite. Cette petite fille n’avait jamais appris à dire non, comment aurait elle pu le faire spontanément? Elle aurait pu sentir que son besoin de sécurité n’était pas satisfait lorsque son fils partait en courant sur la route. Elle aurait pu sentir que son besoin de respect pour son travail était en danger lorsque son fils démontait toute sa pile de linge. Mais rappelons nous : à l’école, cette petite fille avait cadenassé ses besoins à double tour pour ne plus qu’ils viennent l’enquiquiner. La clé avait été perdue. Plus d’accès à ses repères intérieurs pour savoir comment protéger ses besoins.
La petite fille essaya donc de faire ce qu’elle avait toujours fait : demander à une figure parentale ce qu’elle devrait faire dans cette situation. Ses parents étaient loin, mais il était facile dans les magazines et à la télé de trouver toute sorte de figure parentale qui vous disaient quoi faire. Elle se pliait aussi aux exigences du médecin qui savait de toute façon mieux qu’elle ce qu’il convenait de faire. C’était rassurant par un certain coté. D’un autre, elle avait de grandes difficultés. Son fils faisait de la résistance. Elle ne se sentait pas vraiment bien avec tout cela. Parfois, elle explosait sans raison. Elle se mettait dans des colères noires, et elle sentait en elle une violence incroyable. Elle en voulait énormément à son fils de la mettre dans des états pareils. A trop laisser ses besoins de coté, un jours ils finissaient pas déborder de la cage où ils étaient enfermés et à sortir avec violence.
ImageEt la suite de l’histoire?

Il y a deux options, à vous de choisir:

1. elle rencontra une amie qui lui dit : Tu es trop laxiste. Il faut te resaisir. Ton fils n’est pas en sécurité sans limites.
La petite fille opina.
Son amie  lui prescrit une liste de choses à interdire. La petite fille s’y essaya. Mais elle se sentait très coupable de ne pas être une mère acceptable. Elle arrivait peu ou prou à suivre les consignes, mais de plus en plus, elle fuyait la relation avec son fils. Ca n’était pas très confortable, cet enfant qui dit non, qui refuse, qui fait des crises. Elle se sentait souvent fatiguée. Elle vit de moins en moins cette amie, sans pour autant comprendre ce qu’il se passait.
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2. elle rencontra une amie qui l’écouta en silence. Son amie ne lui dit rien sur sa façon de faire. Elle sentait bien que son amie faisait différemment, mais elle ne percevait pas exactement pourquoi. Plusieurs fois, elle explosa sur son fils en présence de son amie et lui mit une fessée. Son amie accueillit juste sa colère. Petit à petit, elles en vinrent à échanger sur des choses plus intimes. Sur leurs peurs, leurs émotions. Les années passèrent. Cette amitié grandissait, elle faisait du bien à la petite fille. Elle se sentait aimée quoi qu’il arrive par cette amie. Petit à petit, elle apprit à accepter ses émotions, ses colères. Elle apprit aussi en voyant son amie faire avec sa petite, à identifier ses besoins, à demander, à voir ce qui était acceptable et ce qui ne l’était pas. Son estime d’elle même grandissait de jour en jour à mesure qu’elle se reconnectait à ses ressentis. A tel point qu’un jour la peur de ne plus être aimée par son enfant si elle lui disait « non » disparut d’elle même, sans qu’elle sache bien comment. Cette amie possédait la clé secrète qui ouvre toutes les cages intérieures….

ImageEt qui permit à la petite fille de retrouver le contact avec ses limites et ses besoins. Ce qui lui permit d’entrer en relation avec son fils de façon plus sereine et respectueuse pour lui comme pour elle. Les explosions de colère s’apaisèrent, et furent remplacées par un simple sentiment de colère qui n’engendrait pas de violente réaction, mais juste une affirmation de ses besoins. Elle apprit au passage que désaccord n’équivaut pas à désamour et que son fils l’aimait tout autant, même s’il n’était pas toujours d’accord.

Cette petite fille est toujours en chemin vers elle même….

PS : elle a découvert entre temps le coaching…. un outil oh combien plus efficace pour apprendre à se positionner, incarner sa puissance et prendre pleinement sa place tout en étant bienveillant. Pour en savoir plus, c’est ici

5 réflexions au sujet de “Pourquoi avons nous tant de mal à dire non?”

  1. Merci pour cet article ! J’ai vraiment l’impression d’être cette petite fille ! Je me sens un peu moins seule, et surtout j’y vois plus clair en moi. Encore mille mercis !!

  2. C’est exactement ce que je ressent, a chaque fois que je dis non je sens comme une cassure.
    Du coup au lieu de dire non je rends les objets inaccessibles et j’enlève ou attache les chaises sur lesquelles mon fils monte. Dur dur de dire non.

    1. oui ça n’est pas toujours simple d’accueillir la frustration ou la colère de l’autre suite à notre « non »…
      Parfois on a tellement été marqué par la réaction de quelqu’un à qui nous avons dit non (parent, enseignant… je me souviens avoir été punie et humiliée par un prof par exemple à qui j’avais interdit de regarder l’intérieur de mon agenda au collège), que ça n’est plus possible pour nous de dire non, tant que nos émotions ou notre traumatisme est là.
      Et pourtant le non permet à l’enfant d’expérimenter tout un tas de choses… ses sentiments, sa colère, ses besoins, sa capacité à faire face, à trouver une autre solution, etc.
      Nos enfants nous font grandir en ce sens… parce que en grandissant on ne peut pas indéfiniment cacher les objets ou les rendre inaccessibles. Je pense que j’avais beaucoup plus de mal à dire non quand mon fils était petit. Avec le temps, j’ai expérimenté de faire des expériences positives de « non ».
      Les voies que j’ai exploré, sont ce que je ressentais à l’idée de dire non (images qui viennent, sensations physiques, etc) et l’écoute des émotions difficiles de mon enfant. Et sortir aussi du « il faut dire non » pour se centrer sur mes besoins à moi : qu’est-ce qui est acceptable pour moi et qu’est-ce qui ne l’est pas ? (et pas pour ma voisine, ma mère, mon homme, etc). Un vrai non est un non qui est relié à la protection de nos besoins.
      C’est un « oui » à soi 🙂
      Et vous, est-ce que vous vous dites « oui » ?

      1. Merci, j’ai encore du travail devant moi mais j’y vois plus clair avec chaque rencontre ou livre lu, d’ailleurs j’ai bien envie de lire « À chaque jour ses prodiges » que vous conseillez dans un post.
        Vous m’avez fait réaliser que je dis oui même aux autres adulte et même si cela veux dire pour moi d’aller à l’encontre de mes principes.
        Encore merci.

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