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Comment faire pour qu’il change de comportement ?

Il a 33 ans, il est épuisé et à bout, manifestement. Il parle de son petit garçon avec amour mais lassitude. Je ne comprends pas, on a essayé plein de choses, mais rien n’y fait, je ne sais plus quoi faire.  Sa voix est pleine d’espoir. S’il vous plait, aidez-moi à trouver une solution, comment faire pour qu’il cesse de se comporter comme cela ?

Elle a 41 ans, elle est attentive à ses enfants, enjouée, mais on voit bien qu’elle en a gros sur la patate, ces temps ci, en famille, parce que ça ne se passe pas bien entre ses ados, et que rien de ce qu’elle a mis en place ne fonctionne. Comment faire pour qu’il arrête de taper sa sœur ?

Il a 38 ans, il a des cernes sous les yeux, une voix fatiguée. Il a tout essayé, les rituels, les histoires, le câlin. Il s’est parfois emporté sévèrement, il le dit avec un soupçon de culpabilité dans la voix. Il a parfois essayé la douceur, de la faire parler, de l’écouter, mais rien n’y fait.  Comment faire pour qu’elle dorme enfin, le soir ? Dites moi ?

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Souvent, j’ai un petit pincement au cœur quand j’entends cette question, je ressens très bien votre impuissance, votre désarroi, votre souffrance. Que celui qui n’a jamais ressenti l’envie de jeter ses enfants par la fenêtre ou de partir en courant lève la main, pour ma part ça m’est arrivé très souvent 🙂 (et je ne l’ai jamais fait, rassurez-vous !).

Et j’entends aussi votre demande :  donnez moi LA solution, là maintenant, pour qu’IL ou ELLE change. J’accueille ce que vous vivez avec toute l’empathie nécessaire, et en même temps, je sais d’emblée que je vais vous décevoir, un peu. Nous vivons dans une société où il faut être efficace et rapide, celle des solutions clé en main, de la livraison à domicile en moins de 24h, où tout est accessible 24h sur 24. Nous avons cette impression que nous contrôlons tout et qu’il suffit de vouloir, pour que tout roule comme nous le souhaiterions.

Et pourtant… les relations ne fonctionnent souvent pas uniquement avec la volonté. Certains problèmes avec les enfants se résolvent facilement et rapidement. Mais certains conflits ou difficultés sont plus complexes, tellement ancrés dans nos interactions qu’il faut du temps pour faire évoluer la donne. Et c’est souvent la volonté de contrôler les choses, nos pensées sur le problème, qui sont à l’origine de bien des problèmes avec les enfants.

Le sentiment d’impuissance est l’un des plus difficiles à vivre, il provoque souvent des réactions de colère disproportionnée vis à vis des enfants. Comment faire pour sortir de cet état et modifier la donne ?

  1. Prendre du recul et accueillir mon ressenti

Je vais vous révéler quelquechose. J’ai presque les mêmes mots, les mêmes attitudes, avec mon fils, depuis plus de 5 ans. Vous y reconnaitriez certaines phrases de Faber & Mazlish, par exemple, et d’autres, plus personnelles. Et vous savez quoi ? Il y a 5 ans, ces phrases ne « fonctionnaient » pas, bien souvent, dans le sens où elles ne produisaient pas une réponse attendue, notamment quand je demandais à mon fils de participer aux tâches ménagères (mettre la table, etc) ou de dormir le soir. Cela ne m’a pas découragée, parce que certains autres outils fonctionnaient à merveille, et que je voyais bien à quel point ma pratique nourrissait la relation avec mon fils, et nourrissait également mon besoin de grandir moi-même. Car chaque obstacle est une occasion d’en apprendre un peu plus sur soi. Aujourd’hui, les mêmes phrases fonctionnent beaucoup mieux, et j’ai beaucoup moins de problèmes.  Certes, mon fils a grandi, mais pas seulement. Alors, que s’est il passé?

Tout simplement, c’est moi qui ai changé.

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Nous oublions souvent que notre façon d’interagir avec nos enfants a un impact sur leur comportement. Nous oublions souvent que nos propres émotions façonnent la réaction de nos enfants. Nous oublions que le langage passe à 90% par le non-verbal, et que nos enfants perçoivent des choses dont nous n’avons pas conscience, juste en nous regardant ou au ton de notre voix. Nous oublions souvent que les comportements de nos enfants sont souvent des messages à décoder. Et que si nous sommes bien incapables d’écouter ce qu’il se passe en nous, nous aurons bien de la difficulté à les aider sur ce point là. Nous oublions que nous avons des croyances qui filtrent la réalité, et que ces croyances nous empêchent de regarder ce qu’il se passe réellement pour nous, ou pour notre enfant.

Souvent, nous oublions de regarder notre vécu intérieur, avant de passer à la solution.

Il est vraiment important, donc de prendre le temps d’explorer notre vécu intérieur pour arriver à faire évoluer les choses, pour prendre du recul. Quels sont vos sentiments, vos émotions, dans cette situation ? Cette question est fondamentale, et y répondre est nécessaire avant de passer à la suite. Quand je suis face à mon enfant que je veux faire dormir, mais qu’une partie de moi est dans la colère et le stress, il y a fort à parier que mon enfant le ressente et ne parvienne pas à trouver sa sécurité. Et parfois, je ne le sens même pas… nombre d’entre nous vivent coupés de leurs émotions, et ont bien du mal à s’y reconnecter. J’ai très longtemps eu du mal à aider mon enfant à dormir, parce que j’avais moi même de telles blessures autour du sommeil que je ne sentais même pas mon angoisse à l’approche de la nuit. Mais lui, il le sentait très bien ! Voilà pourquoi quand je suis à vos cotés pour travailler sur un problème, nous irons toujours faire un tour du coté de votre ressenti intérieur avant de parler de solutions.

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Comment est votre météo à vous ?

Parfois, le comportement de votre enfant provoque chez vous un stress ou des réactions disproportionnées difficilement contrôlables… c’est alors souvent un peu plus long et un processus spécifique. Car cela signe que la situation a réveillé notre mémoire traumatique, cette mémoire inconsciente issue de notre enfance ou notre histoire, qui vient parfois polluer la relation avec notre enfant à notre total insu. Dans ce cas, il y a a lors besoin de travailler sur cette mémoire traumatique pour pouvoir retrouver du pouvoir sur sa réaction. J’en reparlerai dans un article à venir, car c’est un point important et à développer, souvent celui qui fait que l’éducation bienveillante « ça ne marche pas », que vous vous sentez en échec malgré l’utilisation d’outils de communication.

Une fois que les émotions et ressentis sont devenues plus conscientes, vous pourrez travailler sur vos besoins, vos propres façons de les satisfaire, et les compétences éventuelles que vous avez besoin de développer pour résoudre cette difficulté. Souvent, notre impuissance vient du fait qu’il nous manque une compétence, nous identifions que quelquechose nous fait défaut. Et une autre personne peut sans doute nous aider, nous ne sommes pas omniscients. Prenez un engagement pour satisfaire vos besoins de façon personnelle et pour développer vos compétences, et tenez-le, c’est important.

Si vous ne pouvez pas changer les choses, qu’auriez-vous besoin d’accepter ?

2. Lâcher prise et travailler sur ses croyances

Parfois nous avons l’impression que nous contrôlons tout, nous avons un sentiment de toute puissance. Il y a des situations, pourtant, où nous n’avons aucun pouvoir. Et s’acharner à lutter contre,…  nous fatigue psychiquement. Nos attentes sont le creuset de nos déceptions… avez-vous identifié vos attentes, vos croyances, dans cette situation, sur vous même, sur votre enfant ? Nous avons d’innombrables attentes et croyances au sujet des enfants, certaines sont plutôt proches de la réalité, d’autres en sont plus éloignées.  Par exemple, si j’attends que mon enfant de 4 ans soit capable de réguler son comportement et ses émotions par lui même en toute situation, je m’expose à être déçu et fâché. Un enfant de 4 ans est bien incapable de gérer ses émotions, son cerveau ne lui permet pas, et la partie du cerveau qui inhibe les actions n’est encore pas très mature, aussi, c’est souvent très difficile pour lui, il est en train d’apprendre. Si  j’accepte qu’il est trop jeune pour le faire, je vais adapter plus facilement l’environnement à ses réelles capacités, je vais prendre les devants pour éviter les difficultés, et je lâcherai prise quand ça se passe mal, parce que je sais que ce n’est ni ma faute ni la sienne, c’est simplement qu’il est trop immature pour gérer son comportement tout seul. Il y a des fois où c’est simplement difficile à cause de cela, et il n’y a pas grand chose à faire.

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L’art du lâcher prise 😉

3. Travailler sur les situations délicates

Je peux retourner visiter les situations où ça s’est mal passé. Qu’ai-je ressenti ? Qu’a ressenti mon enfant ? Quel besoin son comportement cache-t-il ? Comment pourrais-je y répondre d’une autre façon, acceptable pour moi ? Par exemple, derrière un enfant qui refuse de dormir, peut se cacher un enfant qui a besoin d’attention. Je parle bien de besoin d’attention, parce que c’en est un vrai. Dans ce cas, je peux peut être trouver un autre moment en amont pour lui donner de l’attention exclusive. Parfois votre enfant a besoin de sécurité, et je peux aménager l’espace de sa chambre pour améliorer sa sensation de sécurité. Parfois, il a besoin de jouer… parce qu’il n’a pas assez le temps dans la journée. Je peux alors organiser la soirée pour qu’il ait plus de jeu libre (oui je sais, ils en veulent toujours plus 🙂 mais c’est un vrai besoin qui est grignoté de toute part par l’école).  La question du besoin est assez magique… quand on travaille à partir des besoins de chacun, on sort des croyance et on trouve plus facilement des solutions gagnant gagnant.

Il est important de décortiquer ce qu’il s’est joué pour chacun, pour notre enfant, pour nous même. Et de tenir bon sur nos besoins à nous, tout en étant ouvert et attentifs aux vrais besoins des enfants qui sont masqués par leurs comportements inadaptés.

Il y a aussi des situations non négociables où nous avons besoin de dire simplement non, et d’accueillir la frustration de nos enfants face à nos limites. Parfois, nous savons dire non, mais nous nous attendons à ce que nos enfants acceptent nos limites sans rechigner… et c’est tout simplement un attente irréaliste. J’ai l’expérience que quand nous acceptons intérieurement que nous devrons poser régulièrement nos limites pour protéger nos besoins ou ceux des autres, ET que notre enfant n’en tiendra pas compte tout seul avant un âge avancé ET que cela génèrera souvent des réactions émotionnelles (pleurs, colère, frustration) à cause de l’immaturité de son cerveau, nous gagnons en confort et en énergie… Et n’oublions pas aussi de dire des grands oui, quand ça se présente !

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Vous le voyez, ce processus prend du temps, parfois c’est encore plus complexe. Alors, oui, souvent il n’y aura pas de solution directement, et cela vous surprendra. Peut être même serez vous mécontents, au début. Je vous mettrai dans une zone parfois inconfortable pour vous, afin de vous permettre d’avoir une vision plus large du problème et de gagner en liberté. Et en même temps, il se passera quand même des choses, parce que c’est vous qui allez vivre des expériences qui vont vous aider à voir les choses sous un autre angle et faire évoluer la situation vous-même. C’est là toute la richesse d’un travail d’accompagnement, de permettre de donner un autre angle de vue qui permette de réajuster les choses ! Et à chaque petit pas, n’oubliez pas, nous grandissons nous mêmes, nous en apprenons sur nous et sur les autres et nous développons nos compétences et notre cœur… et chaque parent ne part pas du même endroit, pour certains c’est une petite balade facile, pour d’autres c’est un Everest… alors soyons indulgents avec nous mêmes et évitons les comparaisons 🙂

3 réflexions au sujet de “Comment faire pour qu’il change de comportement ?”

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