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Résoudre les conflits efficacement

Sous-estimons-nous la capacité des enfants à prendre en compte les désirs de leur entourage ?

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Ce matin, mon fils, 7 ans, se réveille en pleine forme et de bonne humeur. C’est samedi, toute une journée pour faire plein  de choses, librement!  Le voilà parti pour jouer, construire des choses, inventer des histoires.

Il y a un petit « mais« : nous avons prévu une sortie cet après midi, avec d’autres enfants et adultes, et un repas avec des amis le soir en dehors de la maison, avec nuit sur place. Aussi, je commence à lui en parler dès le déjeuner.

Et là… patatras ! Mon enthousiasme est très vite douché: « non, je ne veux pas y aller, moi je veux rester jouer ici!« . « C’est toujours toi qui décide,  j’en ai marre!« . Rien à faire… il ne veut rien entendre. Même à mes explications qu’il a le temps de jouer et que nous partirons un peu plus tard. « Je n’irai pas ! ». Il est très en colère, et il me le fait savoir. Je suis très tentée de lui dire : « C’est comme ça et puis c’est tout ! », non mais ! Intérieurement, je me dis qu’il est incapable de tenir compte de moi, que du coup c’est à moi de décider du programme ! Fort heureusement,  c’est le week end, je suis détendue et j’ai un peu de temps devant moi. Il est donc possible de prendre un peu de recul en déjeunant, et de réfléchir à ce qui bloque.

C’est vrai, pourquoi est ce qu’il refuse autant? À première vue, il subit déjà beaucoup de contraintes lors du temps scolaire, il a peu de temps pour faire ce qu’il veut avec les devoirs, le samedi est son premier jour de liberté. C’est aussi le jour où il revient chez moi pour la semaine. Bon. Je comprends bien qu’il soit important pour lui de rester et d’investir son petit nid, de prendre le temps, à son rythme.

D’un autre côté, je lui accorde souvent ce temps à la maison, mais aujourd’hui j’ai envie de voir les personnes qui me sont chères et de passer une bonne soirée. Je réalise que je n’ai pas très envie de passer ce temps à la maison pour cette raison que je tiens beaucoup à mes proches, que j’aime passer du temps avec eux et prendre soin de nos relations.

Mais, au détriment de celle avec mon fils ?

Je me sens un peu coincée, là. II y a conflit apparent entre ses besoins et les miens.

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Comment sortir de cette impasse?  Soit je tranche en ma faveur, soit en la sienne, dans les deux cas l’un de nous sera perdant… et notre relation le sera également car l’un des deux aura du ressentiment envers l’autre. Si je décide de sortir,  il m’en voudra,  la sortie risque de mal se passer, et surtout, plus gênant,  je lui envoie le message : je ne te fais pas confiance pour trouver une solution ensemble qui nous convienne à nous deux. Je le sais parfaitement, c’est une solution que j’adopte souvent dans la course au quotidien, qui ne fonctionne pas très bien, et qui a tendance à faire empirer les choses à long terme (d’ailleurs, il me l’a dit!). Bref, là, j’aimerais mettre autre chose en œuvre.

Je choisis donc un autre outil : la résolution de conflits.

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La résolution de conflits consiste à poser le conflit sur la table et s’écouter l’un l’autre, puis chercher des solutions créatives ensemble. Elle se fait en général en 5 étapes qui sont toutes nécessaires.

1. Décrire le conflit et prendre le temps de discuter au calme
Une fois qu’il s’est calmé, je lui propose donc de s’asseoir avec moi et je lui décris le problème. Je lui dis que j’aimerais que nous en discutions pour trouver une solution qui convienne à chacun de nous.

Parfois, mon fils ne veut pas (ce n’était pas le cas cette fois), dans ce cas soit l’on peut reporter, si ce n’est pas urgent, par exemple si les enfants sont en plein jeu. Soit il est nécessaire d’affirmer son besoin de trouver une solution : « Pour moi c’est très important que nous trouvions ensemble cette solution, car cette situation me met en colère et ne me convient pas du tout ». Il m’est aussi arrivé de dire face à un refus répété que s’il ne souhaitait pas en discuter, que je serais contrainte de prendre des décisions toute seule pour résoudre ce problème. Avec l’habitude cependant, les objections diminuent car les enfants voient l’intérêt du processus.

2. Écouter les sentiments de l’enfant.
Je commence par lui dire que je vois qu’il a beaucoup de plaisir à jouer librement,  sans être pressé par le temps. En faisant cela, j’essaie de me connecter à son plaisir d’être juste là au moment présent,  dans son jeu, dans son univers. C’est vrai que c’est vraiment agréable d’être pris dans une activité qu’on aime, sans interruption. Je conclus en lui disant que du coup, il n’a pas du tout envie de sortir ni de voir du monde, ce à quoi il acquiesce. Je continue à lui parler de ce qu’il vit et de son besoin d’être tranquillement chez lui sans être dérangé. L’ idée ici, c’est que l’enfant se sente vraiment compris dans ses besoins et ses sentiments.

Attention cette étape est indispensable – c’est même une des clés essentielles – et la pratique de l’écoute active des émotions et de l’empathie est nécessaire, faute de quoi les solutions proposées risquent de ne pas fonctionner.

3. Parler de ses sentiments et besoins à soi.
Là il s’agit de faire bref et de parler de soi (et d’éviter les « il faut », « pas le choix », etc, le « mais » également). « En même temps (car les deux sont présents), j’ai vraiment besoin de sortir de la maison de mon coté et de voir nos proches, c’est très important pour moi. ». N’ayons pas peur de nous affirmer, c’est important que nos enfants comprennent que nous avons des besoins également. Pas si simple, n’est-ce pas, de parler en « je » de ses émotions et besoins !

4. Lister toutes les solutions sans les évaluer
Biensûr,  il redit: « oui mais moi je ne veux pas partir ». Un peu moins fort qu’au début 🙂 Il s’est déjà apaisé parce qu’il s’est senti entendu. Je lui explique que nous allons lister sur une feuille toutes les solutions possibles sans choisir pour le moment.

Je prends une feuille blanche et j’écris donc : ne pas sortir et rester à la maison. Et je lui demande s’il a d’autres propositions. Puis je propose la mienne de départ : sortir cet après midi et ce soir, en dormant sur place. Il fait la moue, mais je lui rappelle qu’on écrit toutes les solutions. C’est le jeu. Puis j’en propose d’autres, et lui aussi. Jouer à la maison une heure puis sortir. Sortir cet après midi mais pas ce soir. Y aller ce soir mais rentrer après. Faire une autre sortie tous les deux seulement. Nous réfléchissons tous les deux et faisons travailler nos neurones. Régulièrement, je lui explique aussi les contraintes horaires qu’il ne maitrise pas bien (par exemple, si nous partons trop tard, nous ne pourrons pas aller dehors, il fera nuit).

Au final nous trouverons ensemble une quinzaine de solutions créatives !

5. Choisir les solutions acceptables pour les deux.

Je lui demande lesquelles sont inacceptables pour lui, et je les barre. J’en barre également de mon coté. Je relis la liste restante. Il y a plusieurs solutions possibles.

Et là…. et là…. il réfléchit quelques secondes et me dit : « Bon, si je peux jouer un petit moment maintenant, je veux bien qu’on y aille cet après midi et manger là bas ce soir avec tes amis. Par contre je voudrais rentrer dormir à la maison ».

#dansedelajoie !

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Hasard? Magie ? Outil très efficace ! Voilà, comment la résolution de conflits permet de résoudre ce type de problème : il s’est senti entendu et a été rassuré sur le fait que je tiens compte de ses besoins. Il a mieux appréhendé les contraintes temporelles en discutant du programme possible. Je suis prête aussi à lâcher le fait de dormir sur place parce que je me sens entendue aussi (et au final, après la soirée, et avec son accord nous sommes restés dormir car il a bien vu que nous étions trop fatigués pour le trajet, mais j’étais prête à rentrer pour respecter notre accord, s’il m’avait dit non). Bref, nous avons trouvé un vrai compromis où chacun s’est senti respecté et entendu. Et c’est loin d’être la seule fois que ma famille a expérimenté cela, avec satisfaction.

Ce que l’enfant apprend dans ce type de résolution :

  • que ses besoins ont de l’importance
  • que ceux de son entourage aussi
  • que nous ne sommes pas obligés de lutter l’un contre l’autre, mais nous pouvons œuvrer ensemble à résoudre les problèmes
  • que les conflits sont une source de meilleure connaissance de l’autre
  • qu’il peut être actif pour favoriser le bien être de tous
  • que les besoins ne sont pas forcément en compétition, mais qu’en mettant en commun notre créativité, nous pouvons satisfaire les besoins de tout le monde
  • qu’écouter les autres est primordial

Vous trouvez cela long? Essayez-le donc pour des conflits récurrents, cela fait gagner beaucoup de temps. Je viendrai peut être vous raconter ma dernière utilisation sur un conflit qui dure depuis des lustres.

Et si l’enfant ne respecte pas ses engagements? En général, il y a beaucoup plus de chance qu’un enfant respecte un accord quand il l’a trouvé avec ses parents et a été proactif dans la recherche de solution. Je l’ai moi même testé avec des ados de quartier difficile en collège. Mais ne me croyez pas sur parole ! Parfois, les enfants surestiment leurs capacités et s’engagent dans des choses trop difficiles pour eux. On peut leur rappeler le compromis trouvé, et si ça ne fonctionne pas, c’est qu’il est nécessaire de reprendre la résolution de conflit en tenant compte de ce qu’il se passe, en explorant leur ressenti et en essayant d’autres solutions plus abordables pour l’enfant.

Avez-vous déjà essayé ? N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaires !

Pour aller plus loin

  • Une nouvelle autorité sans fessée ni punition, Catherine Dumonteil -Kremer
  • Poser des limites à son enfant et le respecter, Catherine Dumonteil -Kremer
  • Écouter pour que les enfants parlent, parler pour que les enfants écoutent, Faber & Mazlish
  • Parents efficaces, Thomas Gordon
  • une-nouvelle-autorite-sans-punition-ni-feee

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Mon enfant ne mange pas….

Aujourd’hui je voudrais aborder un sujet très délicat : l’alimentation

Manger, c’est un geste banal, quotidien, à tel point que nous oublions presque à quel point c’est nécessaire pour bien fonctionner. Et pourtant, c’est quelquechose qui s’apprend très progressivement chez les enfants : d’abord le lait, puis quelques aliments, des textures nouvelles, avec les doigts, puis plus tard manger avec des couverts, découvrir plein de saveurs… pour se finir à l’adolescence et l’âge adulte (en général) avec le fait d’apprendre à cuisiner pour soi même et les autres.

Pourquoi mangeons nous tel ou tel aliment, et pas un autre, dans cet ordre là ?

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L’alimentation, question de culture et de mode

Dans notre pays, nous faisons trois repas, dont l’un vers midi et l’autre vers 19h le soir. Nous mangeons d’abord une entrée (salée) puis un plat avec féculents, légumes cuits et protéines en général, puis fromage, puis un dessert lacté ou de fruits.
Avez vous déjà voyagé? On mange bien différemment ailleurs. J’ai fait une drôle de tête le jour où on m’a servi un vrai repas à 17h30 en Suède. Et ne parlons pas des variations de petits déjeuners (salés à bien des endroits), d’aliments (criquet? vers de terre? 🙂 ), etc. Eh oui, l’alimentation, c’est super culturel. Au départ, on peut imaginer que cela venait des aliments qui poussaient sur place qui ont créé des variations dans l’alimentation humaine. Mais aujourd’hui, est-ce bien si relié au climat? Par ailleurs, je ne mange pas comme ma grand mère il y a cinquante ans : les recommandations nutritionnelles varient au cours des années, certains aliments deviennent des stars (l’huile d’olive par exemple, quasi inconnue dans ma région dans les années 50′), les menus subissent un vrai phénomène de mode (je suis fan des sushis par exemple, je n’en avais jamais mangé il y a 10 ans), et la disponibilité des aliments a beaucoup augmenté aussi: impossible de manger des fraise à Noël auparavant, et encore moins de hamburgers. L’alimentation, c’est donc surtout un phénomène culturel, soumis à la mode.

L’alimentation est un besoin physiologique

Pourtant, à la base, manger est avant tout un besoin physiologique. Mon corps a besoin d’énergie pour fonctionner, d’éléments de base (les acides aminés par exemple), de vitamines, de fibres….

Notre corps est une merveilleuse machine qui sait aller chercher les éléments nécessaires à sa construction. Il faut imagine qu’il y a 100 000 ans, votre médecin ne vous faisait pas de recommandation nutritionnelle. Les individus dont le corps trouvait un moyen pour indiquer ses besoins alimentaire survivaient donc mieux et l’évolution a donc sélectionné un système suffisamment efficace pour nous inciter à manger ce dont nous avons besoin.

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Oui, mais moi j’ai toujours envie de chocolat !

Ben oui, moi aussi 🙂 Alors peut être ai-je besoin de magnésium.. et peut être que non. Notre culture façonne tellement nos goûts, et nombre d’entre nous ont aussi appris à utiliser les aliments pour gérer leurs émotions (quand ce n’est pas parce que nous posons un interdit dessus tout simplement), que nous ne sommes plus tellement connectés à nos vrais besoins alimentaires en tant qu’adultes. Notre éducation nous a souvent désappris à écouter notre ventre : il fallait manger ce que les adultes avaient décidé (même si notre corps le rejetait), finir notre assiette même si nous n’avions plus faim… au risque de dérégler notre rapport à l’alimentation. Les spécialistes des problèmes alimentaires le savent aujourd’hui: forcer un enfant à manger est contre-productif.

Les enfants, eux, naissent avec un rapport aux aliments très lié à leurs besoins alimentaires : vous remarquerez que bien souvent, ils font des monodiètes d’un aliment, puis passent à un autre. Ils n’ont pas forcément de gouts fixes. Car cela dépend de leurs besoins, et ils vont naturellement vers les aliments les plus appropriés pour eux. Nous voudrions qu’ils mangent tant de légumes, de viande, de fruits, de yaourt, par jour…. mais leur appétit ne fonctionne pas comme cela.

Entre 4 et 7-8 ans, afin de les protéger, l’évolution les a doté d’un mécanisme puissant : la néophobie alimentaire. Ils n’ingèrent que ce qu’ils connaissent très bien, et refusent  la nouveauté. Afin d’éviter qu’ils aillent ingérer des baies ou aliments toxiques en vadrouillant seuls en dehors du regard de leurs parents, dans la nature. C’est ainsi que la plupart des enfants préfèrerons leurs pâtes et leur steak, à tout nouveau plat, aussi bon fut-il. Et qu’ils sont circonspects face à tout ce qui est vert :  cela évite qu’ils aillent grignoter des feuilles toxiques. Rassurons nous, il y a bien d’autres sources de bons nutriments que dans les épinards !

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Mon enfant ne mange pas !

Nous arrivons au coeur du sujet… Je vous entends me dire : oui mais mon enfant ne mange rien si je ne le pousse pas ! Ou bien, il ne mangerait que des gâteaux.

Oh que c’est dur de voir son enfant manger peu nos bons petits plats faits avec amour, ou refuser les aliment qu’on lui propose… On est déçu que nos plats ne plaisent pas…. Ça nous fait nous sentir mauvais parents, parfois. On se sent démuni, c’est angoissant de penser que notre enfant pourrait ne pas grandir correctement. C’est souvent source d’angoisses importantes, en particulier avec les tout petits. La peur nous pousse à les inciter à manger, en particulier les légumes et tout aliment que nous jugeons indispensable.

D’un autre coté,  que vit l’enfant dans cette situation, lorsqu’il est forcé ou poussé à manger ? Il reçoit le message implicite : tu n’es pas capable de t’alimenter par toi même, je ne peux pas te laisser la responsabilité de manger à ta guise. Il reçoit le message : ne te préoccupe pas de manger, puisque je le fais à  ta place. Il reçoit le message : ne fais pas confiance à tes sensations, je sais mieux ce qui est bon pour toi. Parfois, c’est sa façon d’exprimer que quelquechose ne va pas. Bienvenue dans la lutte de pouvoir. Celle où tout le monde est perdant.

D’après mon expérience d’accompagnante parentale, il y a une seule solution efficace dans ce cas là (en dehors de toute pathologie, à vérifier avec votre médecin): lâcher complètement prise et laisser l’enfant s’alimenter en fonction de ses besoins. Au début, il y a de fortes chances pour que rien ne change. Le temps que l’enfant vérifie que c’est bien lui désormais qui va être en charge de manger selon sa faim. Et éventuellement qu’il renoue avec ses sensations alimentaires.  Avec le temps, néanmoins, si on se préoccupe juste de fournir une alimentation de qualité et suffisamment diversifiée, sans regarder comment il y touche ni comment il finit, il y a fort à parier pour qu’il retrouve le gout de manger. Peut être pas tous les aliments que vous souhaiteriez qu’il mange, mais ceux dont il a besoin. Oui oui j’ai bien dit : sans prêter attention à ce qui est mangé, sans regarder son assiette une fois servie. Pas simple, n’est-ce pas?

Souvent, tout simplement, c’est juste nous qui surestimons les besoins alimentaires de nos enfants, qui dépendent plus de leur croissance que de leur âge ou de leur taille. Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous invite à consulter le livre Mon enfant de mange pas, de C. Gonzalez.

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Et si nous laissions nos enfants plus libres dans leur alimentation  ?

Pour les parents de tout-petits, une option intéressante est de laisser l’enfant s’alimenter lui même. Cela nous apprend en tant que parent à observer ses gouts, et à lui faire confiance.Cela porte un nom : la diversification menée par l’enfant (DME).

Quand on observe un enfant alimenté en DME, on se rend vite compte que l’ordre des aliments choisi n’est pas du tout le notre : il peut très bien manger du sucré en premier, puis du fromage, puis du poisson. L’ordre des aliments est purement culturel et n’est pas vraiment adapté: par exemple, manger des fruits en fin de repas produit de la fermentation dans le ventre, ce qui le fait gonfler ou peut donner des maux de ventre. Les nutritionnistes recommandent plutôt de les manger en début ou en dehors des repas… alors, pourquoi ne pas laisser nos enfants manger dans l’ordre qu’ils souhaitent ?

Vous vous dites peut être : si je fais cela, mon enfant mangera beaucoup de yaourt sucré et pas de légumes. C’est ce que je me disais aussi avant de l’expérimenter. Ce dont je me suis rendu compte, c’est qu’à force de percevoir le dessert comme une récompense, mon enfant en avait très envie… comme tout ce qui est interdit ou limité en quantité. C’est ma propre attitude vis à vis des aliments sucrés qui en avait fait un objet de convoitise ! Quand cela n’existe plus, les enfants se limitent assez bien seuls vis à vis des sucreries. Et rappelons nous que notre rôle est aussi de leur présenter les aliments qui sont sains pour eux. Le sucre induit une certaine addiction chez certaines personnes, aussi il peut être simplement plus facile de supprimer les aliments trop sucrés de la table et des placards.

Vous vous dites peut être : il n’apprendra pas les codes sociaux. Il y a fort à parier que votre enfant mangera un jour à la cantine, ou avec d’autres personnes.Et comme les enfants apprennent beaucoup par imitation, l’ordre dans lequel vous mangez vous même finira par lui paraitre normal, ou il apprendra en observant les autres. Tous les enfants qui apprennent à manger avec les doigts, finissent tous par vouloir manger avec une fourchette… pour faire comme leurs parents.

De même, nos horaires de repas ne sont souvent pas adaptés aux tout petits : Dolto disait qu’un tout petit devrait manger toutes les deux heures… et je vous ai déjà parlé des conséquences sur leur comportement dans cet article.

Il joue avec la nourriture !

Parfois ce qui nous gêne, c’est que notre enfant fait tout autre chose que manger avec la nourriture. Quelle source d’exploration que la nourriture :  des textures, des couleurs, des odeurs, des gouts différents. Quel plaisir que de découvrir cela avec tous les sens, y compris les mains! Nos petits explorateurs ont besoin de pouvoir toucher la nourriture avant de la gouter, cela développe leur sens du toucher. C’est tout une expérience que de plonger les mains dans la purée, des sensations, du chaud, du froid…. avez vous déjà fait l’expérience de gouter un plat comme si vous ne l’aviez jamais mangé, en portant attention à tous vos sens ? En prenant un aliment d’abord dans les doigts avant de le porter à votre bouche, de le humer, de l’observer sous tous ses angles, des formes, sa texture, ses couleurs ?

Et si vous aussi vous jouiez un peu avec la nourriture, pour retrouver le plaisir des sensations que cela procure ?

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Et les limites dans tout ça ?

Votre enfant n’a pas besoin de limites. Ce dont il a besoin c’est d’apprendre que les autres ont des limites, et à les respecter. Les limites, ce sont les vôtres, ou celles de votre entourage. Par exemple, certains parents acceptent facilement que leur jeune enfant fasse tomber de la nourriture au sol en apprenant à manger, d’autres non car c’est trop contraignant. Il n’y a pas de bonne réponse. Il est important de respecter ses propres limites et de le faire savoir à son enfant, quand quelquechose est inacceptable pour nous. Ce dont ont besoin nos enfants, c’est que nous soyions clairs sur nos limites et que nous les fassions respecter, tout en étant à l’écoute de leurs besoins à eux.

La question que je me pose souvent est celle ci : quelle conséquence cela a-t-il sur moi, concrètement, et quel besoin cela m’empêche-t-il de satisfaire? Si la conséquence est inacceptable, alors il est important que je respecte mon besoin. Je me pose souvent la question : « Comment respecter mes limites ET satisfaire le besoin de mon enfant? ». Cela permet d’être créatif, et répondre au besoin de mon enfant d’une autre façon sera vraiment plus efficace. Par exemple, si mon enfant mange uniquement les tomates dans une salade composée… peut être cela me dérange-t-il parce qu’il ne laisse pas de tomates aux autres. Dans ce cas, je peux trouver une solution, peut être que la prochaine fois je donnerai les aliments non mélangés à mon enfant, afin qu’il puisse manger ce qui lui fait envie tout en préservant le mélange pour les invités. Ou peut être tout simplement que je lui dirai non, ou je le laisserai manger les tomates dans sa portion, mais sans manger les tomates des autres. Peut être que je peux aller chercher une tomate supplémentaire dans le frigo pour la lui donner.

Parfois, il n’y a pas de conséquence, et c’est juste « parce que c’est comme ça ». On mange le plat tel qu’il se présente, on ne trie pas. On ne gaspille pas. Une bonne façon de débusquer les règles qui n’ont pas forcément de sens, juste celui de ne pas remettre en cause notre propre éducation.

« Mange tes haricots !  » (spéciale dédicace à mon papa et ma môman 😉 )

😉 Bon appétit !

PS : et vous, quelles sont vos astuces ?

 

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Pourquoi les enfants font ils souvent des crises à 18h ?

Ce midi, je rentrais d’un atelier avec des professionnelles de crèches où nous avons parlé d’écoute des enfants et de leurs besoins… notamment le besoin de manger. En structure, le moment du repas est souvent un moment de plaisir, où les papilles entrent en actions, les enfants s’autonomisent, la couleur est au rendez-vous… les professionnelles innovent de plus en plus pour permettre aux enfants de s’alimenter en respectant leurs besoins. Nous avons abordé le fait que, bien souvent, les enfants connaissent plus de crises et de moments difficiles (conflits, disputes…) juste avant les repas…

Non ? Chez vous, non ? Ca ne se passe pas comme ça ? A 11h50, ou à 18h30 ? Des heures parfois difficiles, n’est-ce pas ?

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Eh bien mon petit garçon avait justement décidé de me mettre au banc d’essai juste en rentrant !

Pendant que je préparais à manger, il s’adonnait à son activité préférée : bricoler. Il adore ça, il construit souvent des choses en bois, il cloue, il visse… Il était en train d’imaginer transformer le petit charriot en bois que nous avons construit ensemble, afin de pouvoir l’utiliser pour transporter des choses plus grosses. Problème : nous n’avions pas les pièces de bois adaptées à la maison. Je le vois donc débarquer dans la cuisine, me demandant de scier une pièce dans toute sa longueur, chose impossible et dangereuse avec le matériel dont je dispose (seulement une scie pour tout dire ! Je suis une bricoleuse du dimanche !). Je refuse, par manque de temps et aussi parce que je sais que c’est voué à l’échec, en lui expliquant pourquoi. Première crise de larmes…. « Mais si ! Tu dois le faire ! ». J’écoute sa frustration, je mets des mots dessus … Nouveaux cris, pleurs… pendant un petit moment, il essaie de me forcer à faire ce que je n’ai pas du tout envie, il tempête. J’essaie de lui proposer d’autres solutions, comme aller acheter les pièces adaptées plus tard. Peine perdue ! Il commence à partir en vrille, il finit par jeter des choses dans la pièce par colère.

D’un seul coup, je prends un peu de recul… il est 12h20, il n’a pas encore mangé… et qu’est-ce que je disais déjà ce matin ?

Je l’ai donc vivement invité à venir manger illico presto (vive les carottes en bâtonnets et les morceaux de pommes), et …. En 3 minutes, le calme est revenu immédiatement, et j’ai retrouvé mon petit garçon dans son état normal, et le repas s’est passé dans une très bonne ambiance. Et surtout, il n’a plus parlé du tout de ce projet de bricolage après !

Que s’est-il passé ?

Le fait d’avoir faim a probablement mis son cerveau en état de stress, qui l’a rendu incapable de gérer une petite frustration. Et après, ça s’emballe et ça tourne dans le vide. Quand notre corps est en stress, nous affrontons beaucoup plus difficilement les petits stress de la vie quotidienne qu’en temps normal. Et comme le disait une participante ce matin… cela existe aussi chez les adultes ! Alors, chez un enfant, inutile d’attendre qu’il puisse se gérer tout seul en cas de faim intense.

Les besoins physiologiques, nous y faisons attention quand nos enfants sont petits…. Et après nous avons tendance à considérer qu’ils sont grands, et qu’ils peuvent bien attendre l’heure du repas. Ou de la récré. C’est vrai, c’est important de manger tous ensemble, c’est un moment agréable, de partage. Parfois, le repas se passe malgré tout mal parce que les enfants ont trop attendu, ils ont faim, ils dérapent, nous sommes énervés du coup (nous avons faim nous aussi !), cela génère des conflits…

Qui déteignent sur toute la famille.

On peut voir chaque personne comme possédant un réservoir affectif à l’intérieur d’elle même : satisfaire nos besoins remplit notre réservoir affectif, et nous permet de mieux gérer n’importe quelle frustration ou petit désagrément. Par contre, quand nos besoins ne sont pas satisfaits, notre réservoir se vide... et là, c’est beaucoup plus difficile d’encaisser la moindre chose désagréable. Et attention : on parle ici bien de besoins (et non de désirs), les besoins doivent être satisfaits pour que nous fonctionnions bien. Vouloir manger une barre de chocolat est une stratégie pour remplir un besoin, pas un besoin en soi. Il existe de nombreuses stratégies pour un même besoin.

Le plus simple est bien souvent de combler les besoins physiologiques des enfants au moment où ils se présentent. En matière d’alimentation, cela consiste à donner aux enfants à manger quand ils ont faim. Et cela ne veut pas dire forcément des gâteaux ou des barres chocolatées : des aliments sains font très bien l’affaire. Et pourquoi s’inquiéter s’ils mangent peu après au repas, s’ils ont déjà mangé un légume cru, un fruit, une compote sans sucre ajouté, des oléagineux …? Ils auront eu leur quota de vitamines, de nutriments.

À vous de donner les aliments qui vous semblent adaptés à leur santé, selon vos habitudes alimentaires. Par ailleurs, des enfants habitués à manger à leur faim et selon leurs sensations et envies alimentaires mangent la plupart du temps leur plat de viande ou de poisson, s’ils en ressentent le besoin physiologique, même s’ils ont déjà mangé un fruit. Parfois, c’est vrai, ils n’en mangeront pas, tout simplement parce qu’ils n’en ont pas besoin  aujourd’hui. Cela change de jour en jour, les enfants font souvent des monodiètes pendant quelques temps, puis changent. Le corps est une machine merveilleuse qui nous oriente naturellement vers les aliments dont il a besoin pour se construire. Nous pouvons faire confiance aux enfants, ils sentent très bien leurs besoins alimentaires. Lorsque ce n’est pas le cas c’est souvent qu’un conflit récurrent existe autour de l’alimentation.

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De nombreux parents mettent à disposition en permanence ou dans les moments critiques des morceaux de fruits, de crudités, des amandes, des noix, des noisettes (s’il n’y a pas de petits biensûr) en accès libre sur des tables basses par exemple. Les enfants viennent se servir quand ils en ressentent le besoin, ils apprennent ainsi à sentir et respecter leurs besoins alimentaires, qui ne sont finalement que des demandes du corps pour pouvoir bien se construire. Françoise Dolto disait qu’un petit enfant de 3 ans devrait manger toutes les 2 heures… quel décalage avec nos habitudes et notre culture alimentaires !

Vous allez m’accuser d’encourager le grignotage et l’obésité (si si, je vous vois venir). Et je vous répondrai que les spécialistes du surpoids alimentaire savent très bien que les personnes se suralimentent souvent car elles ne sentent plus très bien si elles ont faim ou juste envie de manger (pour d’autres raisons, émotionnelles bien souvent), et surtout elles ne savent plus sentir si elles sont à satiété. Tout l’enjeu est alors de renouer contact avec ses sensations corporelles autour de la faim. Chose que les enfants possèdent tout naturellement à leur arrivée sur Terre… ! Naturellement, les enfants s’arrêtent quand ils n’ont plus besoin de manger. À conditions que les aliments à disposition ne soient pas addictifs (chips, aliments fort sucrés ou riches en farine blanche, aliments contenant des additifs). Et qu’on les ait laissé s’arrêter de manger lorsqu’ils n’ont plus faim, même si leur biberon ou assiette n’est pas vide, afin qu’ils sachent reconnaître leurs sensations de satiété.

D’autres parents trouvent sinon avantage à avancer l’heure du repas (dans de nombreux autres pays, on mange le soir à 18h voire 17h30), et à passer par exemple le temps du bain / de devoirs après le repas, pour éviter que cela soit un moment tendu. Les enfants sont beaucoup plus disponibles pour les apprentissages, s’ils ont pu satisfaire leurs besoins au préalable : manger, boire, jouer, avoir du contact et de l’attention, pour n’en citer que quelques-uns.

Quand votre enfant semble partir en dérapage incontrôlé, en crise, la première question que vous pouvez vous poser est donc : ses besoins physiologiques sont-ils suffisamment satisfaits ? Comment puis-je l’aider à prendre soin de ses besoins ? A-t-il besoin de dormir, de boire, d’enlever un pull, de manger ?

Et vous, comment se passent les soirée et les repas chez vous ?

PS : les besoins physiologiques, alimentaires, ou la gestion des crises, c’est une problématique sur laquelle je vous accompagne depuis 10 ans.

  • Si vous souhaitez échanger sur ce sujet,  dans une démarche d’éducation bienveillante, avoir accès à des contenus gratuits (articles, vidéos) toutes les semaines, et être entourée de mère motivées pour être à la fois bienveillantes avec leurs enfants et construire une vis satisfaisantes pour elles :

(attention il y a 3 questions d’entrée obligatoires)

  • Vous avez besoin d’un accompagnement personnalisé pour mettre en place des routines qui soutiennent votre vie de famille, pour créer votre vie de femme et de famille sur mesure ?

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De la culpabilité à la croissance

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Emma a 3 ans. Sa mère parle de ses nombreux soucis avec elle. Elle fait de grosses colères, elle hurle, elle tempête. Matin, midi et soir. Pour tout et pour rien.  Sa mère semble visiblement à bout. Elle n’en peut plus de cette situation, de cette enfant qui lui donne tant de fil à retordre. Elle ose dire du bout des lèvres qu’elle ne peut pas faire autrement que de hurler, dans ces cas là, de l’enfermer dans sa chambre, de la priver de quelquechose qu’elle aime bien. Je sens qu’elle sonde dans mes yeux comment je vais réagir.
Vais je la ranger dans le camp des mauvaises mères?
Soulagement …. j’ai vécu ça moi aussi, et je compatis surtout avec la difficulté que ça doit représenter au quotidien pour cette maman.

Cette maman a de la chance. Elle a suffisamment d’estime d’elle même pour en parler, et du coup pour trouver de l’aide, de l’écoute et des solutions. Quelques semaines plus tard, son problème s’apaisera et elle trouvera en elle des réponses à ses nombreuses questions.

Son histoire me replonge dans la mienne, quelques années plus tôt. J’ai été une maman qui rencontrais des problèmes. Comme tout le monde. Mais moi j’avais si peu confiance en moi….  comme beaucoup de gens, je n’osais pas en parler. Par peur du regard de l’autre. Quand mon fils faisait une crise en public, je rougissais de honte, je me sentais mal et j’avais envie de filer dans un trou de souris. Du coup j’avais tendance à faire n’importe quoi avec mon fils dans ces cas là, par réaction de malaise.  Je me sentais très mauvaise mère. J’avais beau lire plein de choses, de livres, etc. Dans lesquels il y avait plein de solutions. Mais mon fils ne fonctionnait pas comme dans ces livres.  Et surtout je n’arrivais pas à être toujours calme, à être à l’écoute, et je savais bien quelles étaient les conséquences de ma façon de faire. Je savais que hurler n’arrangeait rien, que punir n’était pas très efficace à long terme. Sauf que de penser à cela me rongeait de culpabilité. A cette époque, en fait, j’essayais d’enfiler le costume de la maman parfaite, car c’est ce qu’on avait toujours attendu de moi.

Déjà petit, les erreurs étaient mal vues, j’étais sans cesse évaluée à l’école, à la maison vis à vis de mes soeurs. Les adultes me disaient ce qui étais bien, ou pas bien. Moi? Je n’en savais rien biensûr, puisqu’ils savaient tant pour moi. J’avais appris que l’adulte a un droit de regard sur moi, sur mes capacités. J’avais appris qu’il ne fallait surtout pas faire d’erreurs, faute de quoi je pourrais devenir – horreur – un cancre. Ou un chomeur longue durée. Ou un SDF. Rien de moins. L’erreur était dévalorisée.  C’était une faute.

Adulte, j’ai eu beaucoup de mal à me défaire de cette façon de penser.  Et à commencer par quand je suis devenue maman.  Je cherchais sans cesse dans le regard de l’autre une approbation, et je culpabilisais énormément quand je m’écartais de la « bonne maman » que je cherchais à être. Et vouloir être un parent bienveillant n’a fait qu’ajouter au début à ma difficulté : le Graal était bien difficile à atteindre. C’était source de souffrance.  Et comme ça me mettait en colère de ne pas y arriver, je hurlais souvent de plus belle.

Problème : en faisant cela, je me regardais moi, je n’étais pas là pour mon enfant. Moi qui cherchais à être à l’écoute, je ne faisais que réagir par peur du regard de l’autre.  Et la peur engendre une impossibilité d’être en empathie avec l’enfant. Du coup, souvent, l’enfant sent très bien qu’il n’est pas écouté, et redouble son comportement pour faire revenir son parent vers lui. Souvent en vain car du coup le parent culpabilise encore plus de ne pas y arriver….

La solution? J’ai mis du temps à la trouver, mais aujourd’hui elle me parait évidente : on ne peut pas être à l’écoute de ses enfants et de leurs besoins tant qu’on n’est pas à l’écoute de soi, et tant qu’on n’accepte pas ses propres erreurs comme source d’apprentissage.

accepter d’en être là où on en est. la première marche de l’apprentissage, c’est de voir qu’on ne sait pas faire. c’est douloureux, frustrant, mais complètement nécessaire.

FV

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Aller plus loin?
Devenir une femme qui ose sa puissance et ses couleurs

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Pourquoi avons nous tant de mal à dire non?

Il était une fois une petite fille qui vivait chez ses parents et partageait son temps entre l’école et ses amis.

ImageCette petite fille avait toujours été plutôt sage. Comprenez, on valorisait sans cesse son comportement qui montrait qu’elle était gentille. Elle était calme, elle ne bougeait pas trop. Elle savait rester en retrait avec les adultes. Elle savait qu’elle était aimée quand elle se comportait bien. Comme elle avait très peur de se retrouver seule, elle s’appliquait à se faire aimer. Et dès qu’elle faisait quelquechose qui ne plaisait pas à autrui, on lui faisait bien sentir qu’elle était méchante. Qu’elle n’était pas aimable. Que personne ne l’aimerait ainsi. Que c’était mal. Ca la troublait beaucoup, car elle avait peur. Cette petite fille avait entendu ces mots depuis toujours. Et surtout, elle les entendait à la maison mais aussi à l’école. A l’école, il fallait rester assis de longues heures, se retenir pour faire pipi, se retenir pour parler, ne pas rigoler, et toujours faire ce que le maitre disait. C’était un peu difficile au début. Puis avec le temps cette petite fille oublia ces besoins, les rangea dans une petite case de son corps enfermés à double tour. Cette petite fille n’avait jamais rien connu d’autre que cela, et trouvait ça parfaitement normal.

Quand de temps en temps elle refusait de faire quelquechose, quand elle disait non, on lui faisait sentir qu’elle était une mauvaise fille et qu’elle était indigne de son entourage. Cette petite fille était sans cesse en train de s’ajuster à ce que souhaitait son entourage. C’était d’ailleurs assez fatigant, parce que par exemple son papa et sa maman n’avaient pas exactement les mêmes exigences. Alors, si je fais bien pour papa, pourquoi est-ce que ça n’est pas bien pour maman? D’ailleurs, parfois elle aurait bien eu envie de se mettre en colère, quand c’en était trop. Mais on lui avait montré son visage, dit qu’elle était bien laide ainsi transformée. Elle avait eu peur : qu’est-ce donc que ce monstre qui transforme mon visage et me pousse à crier? Ca ne peut pas être moi. Elle l’avait donc tapi aussi tout au fond de sa tête, avec mout craintes qu’il ressorte, certes, mais comment faire autrement?

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Cette petite fille grandit ainsi, entre ses parents qui l’aimaient et l’école qui lui apprenait des tas de choses. Un jour, elle eut fini l’école, trouva un métier qui lui semblait adapté à ses aspiration et un gentil mari. C’était un peu moins simple une fois adulte parce que les autres ne réagissaient pas toujours comme la maitresse ou maman. Parfois ils avaient des réactions incontrôlables. Surtout, elle se sentait souvent perdue, ne sachant pas quoi faire, n’ayant plus personne pour lui dire ce qu’elle avait à faire. Elle essayait d’être parfaite, mais ça n’était pas assez : il fallait aussi qu’elle sache être actrice de sa vie. Mais il y avait un problème : ça on ne lui avait jamais appris. Et surtout comme elle échouait, elle se sentait très coupable de ne même pas arriver à être ce qui lui semblait un état d’adulte. C’était décourageant car toutes ses tentatives pour être parfaite  et gentille l’amenaient encore plus vers le désespoir.
ImageUn jour la petite fille qui était devenue une femme sentit un petit coup de pied dans son ventre. Un petit bébé se manifestait. La petite fille était ravie. Elle allait pouvoir donner tout son amour à l’enfant qui allait naitre. L’enfant naquit, et ce fut beaucoup de bonheur. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le petit bébé grandit. Le petit bébé touchait à tout. Le petit bébé faisait beaucoup de choses qui dérangeaient sa maman.

Mais sa maman avait un problème : on lui avait toujours appris que dire non, c’était prendre le risque de perdre l’amour de la personne qui reçoit le « non ». Elle était face à un gros dilemme : perdre l’amour de son petit garçon? Impossible. Laisser passer ce qui la dérangeait? Beaucoup plus habituel pour cette petite fille. Cette petite fille laissait donc son enfant faire des choses même si ça n’était pas agréable du tout pour elle et qu’elle devait réparer ensuite. Cette petite fille n’avait jamais appris à dire non, comment aurait elle pu le faire spontanément? Elle aurait pu sentir que son besoin de sécurité n’était pas satisfait lorsque son fils partait en courant sur la route. Elle aurait pu sentir que son besoin de respect pour son travail était en danger lorsque son fils démontait toute sa pile de linge. Mais rappelons nous : à l’école, cette petite fille avait cadenassé ses besoins à double tour pour ne plus qu’ils viennent l’enquiquiner. La clé avait été perdue. Plus d’accès à ses repères intérieurs pour savoir comment protéger ses besoins.
La petite fille essaya donc de faire ce qu’elle avait toujours fait : demander à une figure parentale ce qu’elle devrait faire dans cette situation. Ses parents étaient loin, mais il était facile dans les magazines et à la télé de trouver toute sorte de figure parentale qui vous disaient quoi faire. Elle se pliait aussi aux exigences du médecin qui savait de toute façon mieux qu’elle ce qu’il convenait de faire. C’était rassurant par un certain coté. D’un autre, elle avait de grandes difficultés. Son fils faisait de la résistance. Elle ne se sentait pas vraiment bien avec tout cela. Parfois, elle explosait sans raison. Elle se mettait dans des colères noires, et elle sentait en elle une violence incroyable. Elle en voulait énormément à son fils de la mettre dans des états pareils. A trop laisser ses besoins de coté, un jours ils finissaient pas déborder de la cage où ils étaient enfermés et à sortir avec violence.
ImageEt la suite de l’histoire?

Il y a deux options, à vous de choisir:

1. elle rencontra une amie qui lui dit : Tu es trop laxiste. Il faut te resaisir. Ton fils n’est pas en sécurité sans limites.
La petite fille opina.
Son amie  lui prescrit une liste de choses à interdire. La petite fille s’y essaya. Mais elle se sentait très coupable de ne pas être une mère acceptable. Elle arrivait peu ou prou à suivre les consignes, mais de plus en plus, elle fuyait la relation avec son fils. Ca n’était pas très confortable, cet enfant qui dit non, qui refuse, qui fait des crises. Elle se sentait souvent fatiguée. Elle vit de moins en moins cette amie, sans pour autant comprendre ce qu’il se passait.
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2. elle rencontra une amie qui l’écouta en silence. Son amie ne lui dit rien sur sa façon de faire. Elle sentait bien que son amie faisait différemment, mais elle ne percevait pas exactement pourquoi. Plusieurs fois, elle explosa sur son fils en présence de son amie et lui mit une fessée. Son amie accueillit juste sa colère. Petit à petit, elles en vinrent à échanger sur des choses plus intimes. Sur leurs peurs, leurs émotions. Les années passèrent. Cette amitié grandissait, elle faisait du bien à la petite fille. Elle se sentait aimée quoi qu’il arrive par cette amie. Petit à petit, elle apprit à accepter ses émotions, ses colères. Elle apprit aussi en voyant son amie faire avec sa petite, à identifier ses besoins, à demander, à voir ce qui était acceptable et ce qui ne l’était pas. Son estime d’elle même grandissait de jour en jour à mesure qu’elle se reconnectait à ses ressentis. A tel point qu’un jour la peur de ne plus être aimée par son enfant si elle lui disait « non » disparut d’elle même, sans qu’elle sache bien comment. Cette amie possédait la clé secrète qui ouvre toutes les cages intérieures….

ImageEt qui permit à la petite fille de retrouver le contact avec ses limites et ses besoins. Ce qui lui permit d’entrer en relation avec son fils de façon plus sereine et respectueuse pour lui comme pour elle. Les explosions de colère s’apaisèrent, et furent remplacées par un simple sentiment de colère qui n’engendrait pas de violente réaction, mais juste une affirmation de ses besoins. Elle apprit au passage que désaccord n’équivaut pas à désamour et que son fils l’aimait tout autant, même s’il n’était pas toujours d’accord.

Cette petite fille est toujours en chemin vers elle même….

PS : elle a découvert entre temps le coaching…. un outil oh combien plus efficace pour apprendre à se positionner, incarner sa puissance et prendre pleinement sa place tout en étant bienveillant. Pour en savoir plus, c’est ici

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Qui veut jouer avec moi?

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Je rencontre de nombreux parents qui avouent avoir du mal à jouer avec leurs enfants.

Non pas qu’ils n’en aient pas envie. Non ces parents consacrent du temps à leurs enfants, ils font des activités avec eux, ils les emmènent dans plein d’endroits et sont de merveilleux parents. Ils ont pourtant du mal à lâcher prise et à jouer, et cela semble leur peser. C’est comme si quelquechose leur manquait, un peu comme la pincée de sel dans le mets délicieux que vous prépare votre grand-mère-comme-quand-vous-étiez-petite. Ou peut être une petite pincée de piment, pour pimenter sa vie en compagnie de ses enfants?
Pour d’autres, le jeu ça n’est pas sérieux et ne mérite même pas que l’on s’y attarde.  Dans de nombreux ouvrages d’éducation, on n’en parle même pas. Ca n’est pas sérieux, pensez-vous. Le jeu c’est un truc d’enfant.

Eh bien justement… pour entrer en contact avec nos enfants, rien de mieux que le jeu pour se mettre à leur hauteur

 « Vous dites : C’est épuisant de s’occuper des enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.

Là, vous vous trompez. Ce n’est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser. »

Janusz KORCZAK, prologue de Quand je redeviendrai petit

Parce que jouer avec ses enfants ça peut nous élever, aussi nous transporter, nous faire redécouvrir le petit lutin joyeux qui trépigne tout au fond de l’adulte sérieux que nous sommes devenus… Entrer dans leur monde c’est se connecter à l’enfant en soi. Et c’est une fabuleuse façon d’entrer en relation avec les enfants et de créer du lien avec eux.

Beaucoup de parents jouent avec leurs bébés, avec les petites comptines, les jeux de « coucou me revoilà! », les jeux de doigts. Souvent avec le temps et l’âge, les parents ont moins le temps, les enfants se tournent plus volontiers vers leurs pairs pour jouer, et cela devient moins présent dans la relation avec nos enfants.

jouons autrement

Pourtant le jeu est un excellent support pour libérer les tension. Catherine Dumonteil-Kremer (Jouons autrement)  présente notamment les jeux de chahut comme exutoire lorsque l’ambiance familiale est électrique. Pour satisfaire le besoin de contact des enfants en toute sécurité. Pour nous réconcilier avec les jeux de bagarre ? Nous avons particulièrement aimé le Karaté-chaussette, sport hilarant qui consiste à chasser la chaussette de l’autre tout en gardant les pieds au chaud, fou-rire assuré….

Son livre présente également tout un tas de jeux pour jouer en famille, des jeux de groupe. Particularité? Bon nombre sont des jeux coopératifs, où le jeu créée avant tout du lien entre les participants. Et je vous assure que la chaise musicale coopérative resserre les liens même dans une classe de collégiens, en plus de provoquer fous rires et plaisir. Aussi parce que beaucoup d’entre nous n’aiment pas la compétition et associent jeu à compétition… parce que quand nous étions petits, c’était souvent important de gagner, plus que de prendre du plaisir à jouer ensemble. Ici il est question de plaisir d’être ensemble, de trouver des stratégies ensemble pour  résoudre des problèmes, ce qui met d’ailleurs en avant les compétences relationnelles qui permettent de coopérer y compris dans la vie réelle.

qui veut jouer avec moi
Quand on pense « jeux », on pense aux jeux de société par exemple. J’ai été longtemps frustrée de ne pouvoir jouer à ces jeux que j’ai toujours adoré enfant avec mon fils, parce qu’il était trop petit.  Et je dois dire qu’un livre en particulier m’a aidée à retrouver toute ma créativité. C’est le livre « qui veut jouer avec moi » de Lawrence Cohen. Une vraie bible.  Quand on lit que l’auteur, psy respectable, n’hésite pas une seconde à se mettre à 4 pattes ou à prendre une tête de mauvaise foi pour dénouer des problèmes rencontrés par des enfants, ça devient plus facile de s’y mettre à sont tour, en particulier pour tous les jeux de « rôle ». L’auteur encourage les parents à laisser les enfants jouer librement et à prendre part à leur jeux s’ils les sollicitent. A se mettre dans la peau de leur enfant et à surjouer les émotions qu’ils vivent, sans moquerie, juste pour leur faire sentir qu’ils sont compris et dénouer les tensions. Mon fils a aussi particulièrement aimé le « pistolet d’amour », ou comment transformer une arme factice faite pour tuer en machine à recevoir bisous et  « je t’aime ». Comment ne pas aimer le jeu quand on peut se transformer en « serial lover » ? Le livre regorge d’exemple pour trouver chacun son bonheur. Et pour remplir le réservoir affectif de nos enfants tout en s’amusant !

Vous trouverez des émissions consacrées à ce sujet ici  :

Le jeu dans la vie de famille avec Fami’Lien, sur Radio Grésivaudan

Le jeu pour mieux communiquer avec nos enfants, interview d’Isabelle Filliozat sur France Info

Et si vous aimeriez mettre plus de jeu dans votre vie de famille et plus largement remettre de la joie dans votre vie, je vous accompagne  !

Informations ici

A vos jeux, prêts, partez !

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Sans punition comment faire?

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Un sujet d’inquiétude régulier pour les parents, c’est la pose de limites. Nous souhaitons que nos enfants intègrent les règles de la société dans laquelle nous vivons, qu’ils aient des comportements qui leur permette de s’intégrer et de vivre bien parmi les autres. 

Plus facile à dire qu’à faire !

 Alors, quel est le point de vue de la parentalité positive sur le sujet des limites? Pourquoi d’autres façons de faire que la punition? Quelles pistes?

 Autre sujet abordé : Comment faire lorsque deux enfants ont un conflit?

 Autant de sujets abordés dans l’émission La parole aux mamans : 

 http://www.radio-gresivaudan.org/La-parole-aux-mamans.html

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Les prodiges de la pleine conscience

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Quand j’étais jeune maman, j’entendais par ci par là : sois présente à ton enfant, connecte-toi à lui, sois à l’écoute.

 Alors j’essayais.

 Mais au fond de moi, ça sonnait un peu comme du chinois. Je ne voyais vraiment pas de quoi on parlait et rien dans mon expérience ne pouvait m’amener à identifier quoi que ce soit qui y ressemble. Écouter, bon d’accord, je sais ouvrir mes oreilles. Pourquoi écouter plus puisque j’écoute déjà? (Dois-je préciser que déjà petite j’avais du mal à comprendre la différence entre écouter et entendre….) Je suis capable d’écouter ce que mon enfant dit, quand même ! Mais faire quoi de plus? Et puis d’abord pour quoi faire?

 Et puis petit à petit, j’ai compris que ce qu’on appelle couramment « écouter » n’a pas grand chose à voir avec ce que de nombreux spécialistes de la parentalité appellent « écouter », écouter les émotions et les besoins. J’appris à mettre en œuvre des outils d’écoute des émotions. Au début ça me semblait super artificiel, et je me demandais vraiment si j’étais sur la bonne voie. Surtout que mon entourage me renvoyait souvent l’artificialité de ma démarche. On croit souvent – à tort- que nommer les sentiments va augmenter la détresse d’un enfant ou de quelqu’un. Ou on croit que celui qui met des mots sur le sentiment créée de toute pièce l’émotion chez l’enfant ou justifie le comportement, ce qui le ferait continuer. C’est faux, c’est souvent le contraire qui se produit. L’écoute au début c’est comme apprendre une nouvelle langue. On maitrise les mots, le vocabulaire mais la logique, l’accent et le naturel ne vont pas de soi. C’est pourtant en pratiquant qu’on finit par y parvenir.

 Pourtant, même si cet outil était assez magique pour moi, il y avait toujours des situations où je m’énervais beaucoup, je criais, j’étais dans la fureur et je ne comprenais pas bien pourquoi. Qu’est-ce qu’il avait cet enfant, à me mettre dans cet état? Pourquoi j’étais si agressive? Ça sortait d’où tout ça?

 Aujourd’hui je voudrais vous parler d’un livre qui m’a beaucoup plu et qui est plein d’outils concrets pour être à l’écoute de soi, afin d’être dans le lien avec son enfant et son entourage. Un livre qui, sans y paraitre, a opéré des changements petit à petit en moi.

 Ce livre c’est

 « A chaque jour ses prodiges, Etre parent en pleine conscience » de Myla & Jon Kabat-Zinn.

Il s’agit d’un autre regard sur la fonction parentale. Un regard qui introduit à la pleine conscience et qui permet de modifier la relation parent-enfant en profondeur. Parce qu’il est illusoire de croire que les problèmes viennent seulement des parents ou des enfants, il s’agit bien d’une interaction, et le regard du parent influence fortement le comportement de l’enfant. Pour illustrer ce concept, les auteurs utilisent un conte, Sire Gauvain et la dame hideuse. Dans cette histoire, la dame est de prime abord très hideuse. Pourtant, Sire Gauvain l’accepte telle qu’elle est. La dame hideuse se transforme alors en personne d’une grande beauté. Lorsque l’on écoute quelqu’un, il se passe souvent la même chose : de prime abord, un enfant qui pleurniche, râle, hurle, ne nous attire pas forcément. Et pourtant, c’est l’acceptation de notre part, de cette part sombre, qui produit des miracles… C’est une métaphore assez parlante sur les enfants.

 Myla et Jon Kabat-Zinn nous invitent donc à pratiquer les conditions qui permettent de voir ses enfants d’une façon différente et de se transformer soi. Il s’agit d’être le plus possible conscient, de son corps, de ses émotions, de ce qui est. C’est une belle invitation à être dans le présent au lieu de camper dans le passée ou avoir peur de l’avenir. Parce que nos enfants sont là, eux, à chaque seconde. Vivants et ayant besoin de nous.

 Ils abordent les différents âges à partir de la grossesse jusqu’à l’adolescence et même le début de l’âge adulte. La totale dépendance des tout petits et ce que leur apporter toute notre attention, toute notre présence, peut leur apporter en sécurité affective. Les moments clés pour être là quand son enfant a besoin. Les besoins des adolescents, leur besoin de liberté mais aussi de disponibilité. Ils parlent même de l’école, de la méditation et de la pleine conscience en classe. Ils n’hésitent pas à aborder les sujets conflictuels tels que le coucher, les médias, la consommation, la nourriture…

 Le livre ne pouvait être complet sans aborder les limites des parents, sous un angle totalement nouveau. Parce qu’être pleinement conscient c’est être présent à ses enfants mais aussi à soi. Il se termine par des exercices pratiques pour réapprendre à être vraiment là, non pas perdu dans ses pensées mais présent à nous même et à nos enfants. A mettre de la conscience dans son quotidien et ainsi mieux maitriser sa vie.

 Voilà alors ce livre m’a bien servi et m’a aidée à apaiser mon enfant bien des fois. Parce que je ne me rendais pas forcément compte que, si j’étais présente physiquement, je ne l’étais pas toujours réellement, et ça mon fils le sentait à 100%. Combien de fois n’a t-il pas provoqué de catastrophe ou m’a-t-il fait mal juste parce que je n’étais pas « présente » à lui. Mieux vaut une maman énervée mais là, qu’une maman qui n’habite pas son corps… J’ai aussi appris en compagnie de ce livre à reconsidérer le temps, ce temps qui nous manque tant. A l’accepter, à le regarder non pas comme quelquechose de linéaire mais dont la durée dépend… de ma présence au moment présent, justement.

 « Il est illusoire de croire que nous serons dans la non-violence si nous ne pacifions pas notre rapport au temps ».

Thomas d’Ansembourg

Un livre qui fait grandir, à lire, recommander et à offrir sans hésiter !

FV

Pour aller plus loin

A chaque jour ses prodiges, Etre parent en pleine conscience. Myla & Jon Kabat-Zinn, Ed. Les Arènes

Que se passe-t-il en moi? Isabelle Filliozat, Ed. Marabout

L’intelligence émotionnelle. Daniel Goleman, Ed. Poche

une vidéo des auteurs : voir la video sur Youtube

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Je ne veux pas aller à l’école !!

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Ce matin, c’est la rentrée des classes, après 2 semaines d’interruption. Au réveil, mon petit garçon me dit immédiatement : 

« Je ne peux pas aller à l’école, je suis malade »

 Hum, je ne suis pas bien réveillée, je vois bien que manifestement tout va bien  et je sens bien qu’il n’a tout simplement pas envie d’y aller. La tentation est grande de lui répondre :

 « Ah bon tu as mal où? »

 Évidemment il me répond qu’il a mal partout 🙂

Pas bien réveillée encore, je lui dis que je trouve ça bizarre parce qu’il a l’air en pleine forme.

Puis (au bout d’un trèèèès long moment) un neurone s’éveille : *écouter!*

 Je tente donc un « Ah tu n’as pas envie d’aller à l’école »

 Mais je ne reçois qu’un « Mais non je te dis que je suis complètement MALADE !!! » plein d’indignation. Raté. Eh, pas folle la guêpe il a bien vu où je voulais en venir. Bon, je choisis de ne pas insister, de prendre le temps et d’essayer d’accepter sans rien dire.

 Ce n’est finalement que au moment (presque) de partir à 8h05, quand son papa lui indique de mettre ses chaussures, qu’il proteste,  qu’il vient me voir, qu’il recommence à me dire :

 « Maman je suis trop malade, je ne peux pas y aller »

 Cette fois je ne dis rien, j’écoute juste en silence. Son père essaie de lui faire penser aux aspects positifs comme retrouver ses copains. Il pleure, gémit. Ca m’agace, ça agace son papa qui a peur qu’on soit en retard. Je respire, je suis agacée mais ça n’est pas de sa faute, c’est moi qui anticipe l’énervement, les problèmes à venir si on est en retard. Stop, dehors les pensées anxiogènes. Écoutons, respirons.  J’essaie de voir les choses à sa place. Il a passé les vacances avec nous, il a peut être passé de bons moments en famille. C’est la fin, peut être a t il besoin d’aide juste pour passer le cap du changement. Je finis par entrevoir qu’il n’est pas dans l’opposition mais juste triste. La fin des vacances, c’est  un petit deuil à faire, pour pouvoir s’ouvrir à tout ce que l’école lui apportera à nouveau. Alors je tente un « tu es triste ».

 Il finit par me répondre, entre deux sanglots : « oui je suis triste de pas rester avec vous. Dis, tu m’emmènes à l’école? Tu resteras avec moi à l’école? Et papa aussi? »

On progresse 🙂 J’ai vu juste.

Finalement nous sommes arrivés à la solution que nous l’avons emmené tous les deux, son papa est rentré un peu dans la classe, et finalement tout s’est très bien passé une fois sur place (il a même oublié de me dire au revoir ^^ c’est moi qui était triste !)

Ah…. que j’aime avoir à ma disposition cet outil, l’écoute des sentiments, dans ces situations ! Qu’est-ce que j’aime pouvoir rester dans le lien tout en résolvant les choses, même à 8h15 le matin. Et même si ça m’a pris un peu de temps initialement (5-10 minutes d’écoute), nous avons évité qu’il traine tout le long du chemin, que je peste et re-peste et que la séparation soit difficile à l’école. Et merci aussi à la pleine conscience qui me permet d’identifier mes propres sentiments pour éviter d’envenimer la situation…. mais ça j’en reparlerai dans un autre article à venir !

FV